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  • Photo du rédacteurLes instants du temps

Voyage High Tech

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Vous avez voyagé cet été. Moi aussi. Suite à la promotion faite à la délicieuse localité de POIL dans la précédente chronique, j’ai décidé de m’y rendre. Si les voyages forment la jeunesse je n’imaginais pas à quel point ce périple vers POIL serait, également, une source de perplexité et d’adaptabilité.


Ce voyage se présentait de façon classique, à priori sans mauvaise surprise, autoroute, hôtel, visite de la vieille ville médiévale. C’était sans compter sur l’ingéniosité

technologique ! Permettez-moi de vous narrer mon expédition.


Tout commence et finit par un péage. Des centaines de voitures en attente de délivrance du laisser-passer. Comme d’habitude, j’ai choisi la mauvaise file, celle qui n’avance pas, et, c’est avec beaucoup d’aigreur, que je vois débouler sans difficultés, grâce au télépéage, tous les camions que j’ai eu tant de mal à doubler il y a quelques kilomètres. C’est, à coup sûr, la file où se sont engouffrés, à la queue leu leu, des anglais, obligés de descendre… la manœuvre s’éternise et entraîne un concert de klaxons.



Néanmoins, l’entrée en péage reste relativement simple. Ejection automatique et autoritaire du billet, il suffit de tendre le bras qu’il vaut mieux avoir long.

Il en va autrement à la sortie. Retrouver le ticket, le positionner dans le bon sens, ainsi que sa carte bancaire rangée dans la veste posée à l’arrière du véhicule. Contorsions. S’allonger à la portière pour les introduire dans le robot encaisseur. Risque énorme de laisser tomber la carte lors de cette délicate manœuvre du bout des doigts. Quand la barrière se relève, il faut, alors, vite dégager avant qu’elle n’ait la fichue idée de se rabattre. Si, si, cela m’est déjà arrivé en sortie de parking, la maudite machine ayant, sans doute, estimé que j’avais trop traîné en rangeant ma carte de paiement.


Après deux heures de conduite sur l’autoroute, selon les recommandations de la prévention routière, il faut faire une pause. Surtout, les cafés du matin se rappellent au bon souvenir de ma vessie.


Restoroute. Toilettes. Allons-bon, comment savoir quand la porte de ma cabine d’aisances est réellement fermée. Le système, terriblement sournois, de bouton-poussoir au centre de la poignée me rappelle la lumière dans le réfrigérateur. Pour savoir si c’est fermé, il faut ouvrir ! et inversement. Je suis contraint de faire confiance à la sécurité technologique. Heureusement, ce système est progressivement remplacé par un procédé basique, quasi vintage, mais tellement rassurant.


Etape suivante : la chasse d’eau. Pas de problème, un détecteur de mouvement l’a activée. Attention, avec cette innovation, plus ou moins sensible, des mouvements intempestifs peuvent se déclencher à un moment non désiré et noyer notre assise.

C’est toutefois mieux que le dispositif des trains ou avions qui interroge notre intuition. Faut-il appuyer sur un bouton ? Où se cache-t-il ? avec la main ou le pied ?



C’est, ensuite, l’entreprise périlleuse du lavage des mains. D’abord ne pas confondre le distributeur de savon et celui de gel hydro-alcoolique.

Puis, déterminer le mécanisme de diffusion de l’eau.

Les mains en obole sous le robinet pour recevoir l’espéré liquide. Rien. Les faire défiler, trop vite, lentement, trop lentement, de haut en bas, de droite à gauche ? Rien. Chercher un bouton, une manette derrière, dessus…Rien.

Pas de chance, je suis tombé sur le matériel en attente de maintenance. Je passe au robinet voisin. Résultat identique et…à ce moment, il y a toujours quelqu’un qui occupe le robinet délaissé et se lave tranquillement les mains avec un sourire de mauvais aloi. Et je me remémore cette scène du Corniaud quand De Funès se douche aux côtés de Duranton. J’ai les mêmes mimiques et me voilà aussi Corniaud !


L’affaire n’est pas terminée, comment se sécher les mains ? Pas de papier. Pas de soufflerie sous quelque forme que ce soit, émettant le bruit du décollage d’un airbus. Observant discrètement les manœuvres des habitués du lieu, je constate que le souffle attendu est intégré à la robinetterie. Mais où l’inquiétante créativité des designers s’arrêtera –t-elle ? Finalement, durant ce temps d’indécision, mes mains ont séché naturellement.


En retraversant le hall d’entrée du restoroute, je dédaigne les distributeurs de boissons, assuré de nouvelles déconvenues technologiques.


Autoroute. Cent bornes, à l’écoute, non pas de la radio, mais des alarmes dispensées par mon GPS. Car il bippe à tout propos. J’espère que c’est pour signaler la présence d’un radar ; pas seulement. Vitesse, non respectée, zone de danger, embouteillage plus loin, virage, zone de travaux … il bippe. Il bippe.

Et, justement, celui-ci, technologiquement prévisionniste, m’avertit d’un important embouteillage à 5 kms et une possibilité de le contourner en empruntant la prochaine sortie. Comment faisions nous sans GPS ?

Je me retrouve sur une charmante départementale au milieu de champs de blé, de prairies où ruminent des troupeaux, des bois abritant des chênes centenaires. Je traverse des villages de charme, calmes, tranquilles, déserts, sans resto ou station d’essence mais qu’il faut traverser à 30 km/heure ; le radar menace, désormais, en rase campagne. C’est bizarre, le GPS m’entraîne vers l’est alors que ma destination serait plutôt à l’ouest… Contournement important? ce devait être un immense embouteillage. Compatissant, j’ai une pensée pour mes condisciples - automobilistes qui sont bloqués depuis plus d’une heure sous un soleil de plomb. Je vais toujours vers l’est et…l’inquiétude me gagnant, j’initialise mon GPS. Pas de réseau. Une zone blanche au milieu de la verte campagne. je suis perdu en terra incognita. Les routes bitumées font, désormais, place à des chemins vicinaux terreux, quelquefois gravillonnés, et toujours étroits, bordés de fossés, sans échappatoires. Pourvu que je ne rencontre pas un tracteur. Une seule solution, sortir de ces routes départementales (en accord avec Jean Yanne), rattraper, au moins, une nationale et quelques panneaux indicateurs mentionnant quelque ville importante. N’importe laquelle. Maudire le GPS. Se promettre de garder une bonne vieille carte routière dans le vide-poches..



Et, évidemment, le voyant « essence » s’est allumé. Je peux assurer que le plaisir de la découverte d’un territoire est gâché quand on guette l’enseigne d’une station essence. L’angoisse monte. Enfin, une bannière, un panneau … mais quelle est cette marque inconnue ? Je ne vais pas faire la fine bouche. Évidemment, libre service, personne. Pas question de se tromper au risque de bloquer la carte de paiement. Bien lire les instructions, pas très lisibles en réalité. Voulez-vous un ticket ? Oui, je veux une trace, je me méfie de ce «tout automatique»


La nuit tombe alors qu’enfin, apparaît une ville digne de ce nom, avec zone industrielle, banlieue, fast-food, supermarchés, centre-ville identifiable avec hôtels, maisons d’hôtes, gîtes...

J’opte pour un hôtel suffisamment étoilé pour y recevoir un peu d’humanité. Je garde douloureusement en mémoire ce que les canadiens appellent « combo » et que l’on retrouve de plus en plus fréquemment dans notre pays. Tout y est automatisé. Par SMS on reçoit le code d’entée du logement, et, ensuite, on se débrouille avec plus ou moins de bonheur. Chambre, kitchenette avec équipements sophistiqués… Il ne reste plus qu’à lire les modes d’emploi, quand ils sont dans une langue connue, ou faire preuve d’intuition ou d’imagination.


Au moins, dans cet hôtel, je suis accueilli. Certes, modestement, car la réceptionniste n’a pas de bureau d’accueil mais un smartphone qui lui tient lieu de registre, de planning et de facturation. Accueil humain minimaliste qu’autorisent les avancées technologiques.

L’essentiel, toutefois, est de pouvoir disposer d’une chambre.

Encore faut-il pouvoir y pénétrer. La clé de la chambre est, désormais, un morceau de plastique façon carte de paiement. Devant la porte portant le bon n°, quelques secondes d’observation. Faut-il glisser la carte dans une fente verticale ou horizontale ? Il faut encore trouver le bon tempo, ni trop lentement, ni trop vite. Après un temps d’interrogation, je constate que le simple contact suffit. Voyant vert, vite, bien qu’empêtré dans mes valises il faut pousser cette porte qui résiste.


La lumière ne fonctionne pas ! retour à la porte d’entrée pour glisser la « clé » dans le boitier / interrupteur.

Interrogations suivantes: où sont cachées les prises électriques pour recharger nos désormais indispensables compagnons et entre autres, le smartphone ? Comment fonctionne le WIFI ? Comment pénétrer dans l’univers des chaînes TV avec une télécommande disposée à me contrarier ? Et, surtout, quel concept ingénieux sévit dans la salle de bains ? Je ne parle pas de l’environnement du lavabo –coupelle- qui laisse la place uniquement pour une brosse à dents. Je souhaite évoquer l’impénétrable conception de la douche et de sa robinetterie. Je la regarde tel que l’on disait chez moi « comme une poule découvrant un peigne » ; c’est plus savoureux en ch’ti « in croro enn glenne qui est ke sur un déméloir » !


Suspicieux et inquiet.


C’est que la robinetterie a beaucoup évolué. Plusieurs situations sont envisageables :

- Un seul bouton. Tourner à droite, eau chaude, pousser et c’est la pluie, tirer, c’est la douchette.

- Dispositif en long avec une tête à chaque extrémité. L’une pour l’eau chaude si on tourne vers l’avant. L’autre est plus sournoise. Pluie si on tourne vers l’avant, mais douchette par l’arrière. Et, inversement, selon les cas.

- Je vous passe les robinets où il faut, simultanément, pousser et tourner, activer une manette…

Les possibilités sont infinies. La créativité robinetière ne connaît pas de limites. Des ingénieurs se sont éclatés !



J’entre dans le vif du sujet, dans la douche !

- Si j’appuie sur ce bouton, douche au pommeau ou pluie m’inondant par le haut ?. A expérimenter en prenant du recul.

- Si je tourne cette manette vers la gauche, aurais-je de l’eau plus chaude. Pas du tout, un jet horizontal et glacé me fouette le dos.

- Donc, il faut tourner à la fois, le manchon de gauche et celui de droite pour tiédir le jet à sa convenance…Je m’attacherai, ensuite, à l’origine du jet…


Le lendemain matin, plusieurs supplices m’attendent au petit déjeuner.

Bien manœuvrer la tirette pour les jus de fruits et réussir à ne pas faire déborder le verre. Où sont planqués les œufs brouillés ? Ne pas tenter le grille-pains…

Victime de misophonie, je grince des dents en entendant le raclement des chaises sur le parquet et la gesticulation énervée et bruyante de celles et ceux qui refusent de laisser la moindre trace dans leur pot de yaourt. Savent-ils qu’ils sont en train de décrocher des micro-particules de plastique ?

Mais, il y a, surtout, le test de la machine à café. Pourquoi la Commission européenne si prompte à édifier des normes, n’a pas établi le cahier des charges obligeant une harmonisation dans la présentation des machines à café ? De nombreuses options, des boutons partout, comment être certain de recevoir le breuvage désiré. Des choix multiples, inutiles ou inutilisables faute de chargement de la machine.

Pas de chance, le gobelet est mal centré et la moitié du liquide se répand sur le parquet. La honte ! Je l’avais pourtant soigneusement calé sur le fond, mais cette fois, il ne fallait pas.


Me voici, enfin, à POIL.

Stationnement payant. Etude des modalités du parcmètre. Je m’interroge devant le large panel d’options. Je sens que l’on s’impatiente derrière moi.

J’essaie de déchiffrer les « offres » ; d’abord le N° de la voiture ; choix ? 1h ou 2 ou 3 ? j’ai l’habitude des bornes avançant de 10mn en 10mn !

Hop, 1,50 euro pour 3 heures… Pas cher. Je veux payer ; j’ai la monnaie ; mais la fente est bouchée par un chewing gum. Regard circulaire, pas de paiement par carte. Et bien tant pis, je tente sans payer !


Enfin, objectif atteint : visite de la vieille ville fortifiée. Eglise, halle aux grains, fontaines, remparts… rien ne m’échappe grâce à l’audioguide téléchargé sur mon smartphone. Dommage que tous les touristes autour de moi (je ne savais pas que le blog avait autant d’influence !) ne facilitent pas mon écoute.


Même si le voyage fut quelque peu délicat, POIl a tenu toutes ses promesses.

Je quitte POIL et me dirige maintenant vers CORPS-NUDS. Sur la route, au hasard d’une petite déviation, je traverserai peut-être LA TRIQUE ou SAINTE-VERGE !

La France est pleine de surprises réjouissantes!


Tout est bien qui finit bien et je termine mon périple en musique avec Desireless et « Voyage, Voyage».



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(voir ci-dessous).



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2 Comments


docdico
Mar 20, 2023

Quand j’ai vu le titre de cet article j’ai cru, un instant, que notre ami chroniqueur du temps avait passé ses vacances dans la station spatiale, ou qu’on lui avait offert un casque de réalité virtuelle, ou qu’il était allé à Taumata­whakatangihanga­koauau­o­tamatea­turi­pukaka­piki­maungah­oronuku­pokai­whenuaki­tanatahu en croyant se trouver sur une exoplanète .


Mais non, tout simplement il a voulu prendre sa douche à Poil.


Notre chroniqueur coquin aurait pu aller à Serqueux en Seine Maritime (c’est le village de naissance de mon père, mais si, mais si). Il aurait pu aller à Mezidon dans la vallée d’Auge, ce n’est pas très loin de Serqueux .


Mais non, tout simplement il a voulu prendre sa douche et se laver les mains. Il nous…


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berthejean
Mar 20, 2023

Souvenirs low-tech:


C’était au début des années 50. J’avais environ sept ans. Mais je m’en souviens fort bien.

Mon frère qui a dix-sept ans de plus que moi vient de se marier. Avec sans doute assez peu de moyens il loue un « baraquement ». Ce qui mérite le nom de baraquement est une construction américaine d’après-guerre. Des planches enduites de coaltar et un toit en carton bitumé n’égayent pas franchement le bâtiment. Quatre pièces d’égales tailles occupent la surface.


Il n’y a ni eau courante ni évacuation. Bien avant celle de Cabrel, la cabane est au fond du jardin.

Il n’y a pas de confort mais je ne le sais pas et j’aime aller chez mon frère. J’y suis…


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