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  • Photo du rédacteurLes instants du temps

Un instant de réflexion





Quand je me rase, les idées défilent, certaines s’imposent. Je laisse faire, je ne me contrains pas. C’est une forme de méditation improvisée, non volontaire. Méditation, mais, certainement pas en pleine conscience…

Fréquemment, ma pensée dérive, involontairement, vers le temps qui passe. Surtout le temps passé, mesuré à l’aune du nombre de rasages.


Par convenance professionnelle, 5 rasages par semaine pendant environ 2000 semaines, puis 3 par semaine pendant 800 semaines de léger laissez aller. Soit 12500 parcours du visage.


Je le connais, par cœur, ce visage. C’est logique. Un miroir embué ne m’interdit pas d’effleurer le soupçon de moustache, de dégringoler de l’oreille vers la mâchoire droite et inversement, de racler le menton, de jaillir vers l’autre mâchoire, et clore par le débroussaillage du cou. Que de gestes mécaniques, répétés à longueur d’une vie d’homme, à longueur de temps. A ce jour, 2000 heures d’existence consacrées à ce labeur à faible valeur ajoutée.


Quoique. A bien y réfléchir, ce n’est, peut- être, pas du temps gâché. La gestuelle mécanique stimule la productivité des connexions neuronales non maitrisées. Et, évidemment, comme tout un chacun, on peut être amené à songer à devenir Président de la République. Tout homme qui se rase est un candidat potentiel.


Mais, alors, poussant le raisonnement jusqu’au bout, qu’en est-il de la femme qui, en général, et hormis certaines lusitanienne, se rase assez peu la moustache ?


Cette pratique supposée masculine ne discrimine-t-elle pas les potentialités féminines de Présidente de la république ? Pourquoi n’auraient-elles pas également ce temps de réflexion régulier et intimiste, qui prédispose aux ambitions plus ou moins démesurées.

Le doute m’assaille : ces réflexions matinales me rendraient elles coupable de différentialisme ? Serais-je « genré » , à mon insu, par innocence et coupable inconscience ?


C’est qu’en cette période de wokisme ambiant, on ne sait plus à quel saint, sainte, se vouer, se dévouer.

C’est que la question du genre est devenue prégnante dans notre société.

- En Suède et en Angleterre, la dysphorie du genre est devenue une pathologie de masse. Le nombre de filles de 13 à 17 ans qui veulent devenir des garçons a explosé, quitte à changer d’avis 3 ans plus tard. François 1er avait déjà remarqué «Souvent femme varie… ».

- La danse non genrée remet en question les codes traditionnels de la danse de salon. « Avec la danse same sex, il n'est plus question des rôles traditionnels, masculins ou féminins, il y a celui qui mène la danse et celui qui suit. » Nostalgie de la lambada…

- Prix Planeta : Derrière la romancière Carmen Mola se cachaient trois hommes. Nouvelle parité en Espagne !

- La "cancel culture" s’applique aux joujoux à moustaches. Les jouets « mixtes », destinés à éviter les stéréotypes de rôle masculin ou féminin, notamment, se sont multipliés. Finie la marque « Monsieur Patate », jouet culte du groupe Hasbro : le fabricant a annoncé qu’il avait l’intention de promouvoir l’égalité des genres et l’inclusion et qu’il allait commercialiser une famille patate non genrée. « Barbie sera désormais grosse et de toutes les couleurs... A quand une Barbie transgenre ? » déclare, ulcéré, un élu de la République.

- « Les garçons s'habillent en bleu et les filles en rose »": rajoute Damares Alves, ministre brésilienne.

- Même le pape François s’est emparé du sujet « avoir des tendances homosexuelles ou changer de sexe est une chose, mais la théorie du genre est une colonisation idéologique ». François ne prend pas un gros risque puisque, à la fin, Dieu reconnaîtra les siens.


Ces débats souvent houleux me laissent perplexe et je ne souhaite pas y mettre le petit doigt. Soyons clairs, mes élucubrations non contrôlées de l’instant rasoir, bien qu’un tantinet inégalitaires, ne sont pas suffisantes pour alimenter la controverse pour ou contre la théorie du genre.

Il y a, toutefois, un aspect avec lequel je ne saurais transiger.



Il n’est pas question que j’utilise cette novlangue exotique, entre le sabir et le charabia, qui s’appelle « écriture inclusive ». Je vous en donne la raison et la démonstration ci-après :


‘Les auteur.e.s doivent écrire au ralenti pour ne pas oublier de lettres, iels sont géné.e.s dans leur rédaction et pensent moins à leurs lecteur.rice.s ou auditeutrices qu’à toutstes celleux qui risquent de leur reprocher une quelconque étourderie mettant en danger les droits humains !"


Mon correcteur d’orthographe vient de souligner la moitié de ce paragraphe apportant, ainsi, son soutien à ma prise de position. J’imagine le galimatias énoncé par la synthèse vocale pour les déficients visuels.

Ces formes fabriquées ne relèvent d’aucune logique étymologique et posent des problèmes considérables d’accords.



On se demande si Simone de Beauvoir était vraiment féministe en écrivant le deuxième sexe en français "patriarcal".

Comment peut-on penser que les plus jeunes, qui déjà méprisent dans leurs tweets les bases de l’orthographe et de la construction des phrases, vont jongler naturellement avec les e, les s et les points censés atterrir au milieu de leurs mots.

Dernière péripétie médiadisante (et pourquoi je ne libérerais pas mon propre langage ), le tout petit Robert nous inflige un « IEL ». Le magazine « ELLE » ne sait plus à quel féminitude se vouer !




En définitive, le français achèvera de se décomposer dans l’illettrisme pendant que nous discuterons du sexe des mots.


Tout ceci est bien sérieux et vous allez trouver cette chronique « rasoir ». Aussi je vous propose de faire table rase de ces pugilats idéologiques et d’abandonner ces débatteurs en rase campagne.

Pour revenir à nos moutons et nos brebis, il existe une façon simple d’éviter ces divagations coupables, il suffirait de gommer cet instant de réflexion du matin en sacrifiant à la mode actuelle de la barbe et du poil en tout genre.



Dans la salle de bains, je pourrai, alors, chanter C’est la barbe , défiant l’opprobre des féministes de tous poils qui me rappelleront que de tous temps, moustache et barbe furent des instruments de virilité, d’affirmation de position sociale, d’autorité martiale :


« Vraiment, un homme sans moustache n’est plus un homme (...) La moustache, ô la moustache ! est indispensable à une physionomie virile.

Guy de Maupassant, “La Moustache”, Gil Blas, 31 juillet 1883 ».


PS : ce matin, en me rasant, l’envie m’est venue de partager avec vous, ces moments d’intense réflexion, (sans couper les cheveux en quatre) !

Bonne ou mauvaise idée ? Chronique au poil ou tirée par les cheveux ?

c’est vous qui trancherez …



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