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  • Photo du rédacteurLes instants du temps

Sortie de cabane


« Vivre chez soi et être à soi, c'est être autant et plus que roi »

Proverbe du XIII° siècle.

Je fus donc plus que roi pendant ces 2 mois de confinement.

Or, il faut désormais sortir, se réapproprier l’espace public.

Il m’a, cependant, tellement été martelé de rester chez moi que je n’ai plus envie de quitter mon royaume. Je me suis habitué, pris mes marques, ronronné tranquille…je n’ai pas l’intention de changer à nouveau mon rythme de vie.

Il paraît que cela s’appelle le syndrome de la cabane.

La terminologie proviendrait du ressenti des chercheurs d'or à l'issue du confinement pendant des mois dans des cabanes. Ce syndrome a été remarqué dans le cas de différentes situations de blocage dans un lieu isolé ou un espace confiné pendant une période prolongée : isolement de la civilisation, de la société (chalet perdu en montagne, longues périodes passées dans un sous-marin, phare, prison)…C’est pourquoi il est également appelé : Syndrome de l’escargot, du gardien de phare, du prisonnier…Un détenu de la maison d’arrêt de Périgueux , soupçonné d’abus de confiance et d’escroqueries déclarait « Je reconnais tous les faits. Je dois être condamné sévèrement, je veux rester en prison. Je suis bien là ».

Si pour certains ce fut une torture, un cauchemar, le confinement a représenté pour moi une période de répit et de calme. Plus d’horaires à respecter, de transports, de bruits, de foule, d’agitation permanente.

Le Monde, la Société, dans leur globalité, m’étaient déjà suspects avant cette mise sous cloche. Des échauffourées permanentes aux 4 coins de la planète, des rodomontades ridicules entre dirigeants à l’égo surdimensionné, des infos dont on ne sait plus si elles sont vraies ou erronées ou mensongères, de la pub m’engageant à surconsommer, la déforestation, le mépris de certains à l’égard du réchauffement climatique, une pauvreté intellectuelle remplacée par des invectives et des propos haineux… Bref, j’évoquais souvent l’idée de parenthèses en « île déserte », symbolique d’un endroit tranquille, calme, retiré de la gesticulation mondiale.

C’est dire que le confinement ne fut pas un univers concentrationnaire et pas du tout traumatisant.

Mais, la parenthèse vient de s’ouvrir. Il me faut maintenant sortir, affronter le tourbillon extérieur, le manège trépidant des obligations professionnelles et sociales. Et, je vous l’avoue bien volontiers, je n’éprouve aucune exaltation à l’idée de pouvoir de nouveau exercer la pseudo liberté de mes mouvements, ni aucun emballement à quitter mon cocon douillet.

Plusieurs raisons expliquent cette attitude :

- La peur de la contagion. Compte tenu de la triste débandade démontrée par nos experts depuis le début de l’épidémie il est impossible d’évaluer la hauteur du risque subsistant. Pas de problème car c’est un virus saisonnier disent les uns, présence permanente du virus avec un 2° rebond ou plusieurs petits rebonds ou une propagation à « bas bruit » disent les autres.

Encourageant, ou rassurant ? n’est-il pas ?

- En outre, je suis dans la catégorie « vulnérable ». Mot discriminant, inquiétant, quasi infamant qui m’évoque phonétiquement : périssable, lamentable, incapable, pas sortable, non viable, attaquable … jetable

On m’instille l’idée que je suis une cible dans un stand de tir.

Et, si on ne m’interdit pas de sortir, on y met tellement de recommandations que l’on se sent coupable quand on met un pied dehors…

- Pourquoi n’utiliserais-je pas, moi aussi, mon droit de retrait de sortie ? ce droit étant devenu d’un usage courant, heureusement non utilisé par nos soignants, mais largement pratiqué par ailleurs.

Je sais bien que sortir, serait, accompagner le fabuleux monde d’après, que l’on nous promet, plus démocratique et solidaire. Ce serait entrer enfin dans le 21° siècle qui va se nourrir de nouvelles valeurs collectives d’entraide et de coopération.

« Ne pas hésiter, le jour d’après se joue aujourd’hui »me dit-on.

Cela évitera peut-être dans 20 ans, les lamentations sur les effets meurtriers d'un climat devenu incontrôlable, de ressources naturelles épuisées, d'une surpopulation ingérable, d'un écosystème à l'agonie.

On ne peut qu’être d’accord avec cet objectif. Mais avant de m’affronter à l’incertitude de l’avenir, j’ai observé avec attention les premières situations de ceux qui ont expérimenté, en diverses circonstances, la liberté sous le régime des gestes barrière.


- Dans la rue, rester concentré à la moindre approche d’un quidam, masqué ?

Pas masqué ?, sournoisement modifier sa trajectoire pour conserver une distance salvatrice, sursauter à la moindre toux ou éternuement et vérifier qu’on n’a pas été touché.


- Se trouver embarrassé à la terrasse d’un bistro avec un masque dont on ne sait plus que faire, où le poser ? le mettre dans la poche et l’imbiber de gel hydroalcoolique ? être pris en photo avec un gros nounours à ses côtés ou quelques chapeaux fantaisistes supposés maintenir le mètre de distanciation.




- Etre averti par son téléphone que la voisine de table, dont on est séparé par un plexiglas hyper glamour, est positive.

- Se restaurer sous cloche.



- Réserver pour être parqués 2 heures à la plage. Même si la mode s’est emparée, avec plus ou moins de succès, du nouvel accoutrement nécessaire.













- Subir un matche de foot avec des mannequins comme supporters.












- Assister à la messe en drive-in ou se confesser en restant dans sa voiture …





Ces expériences, pour ethnologiquement intéressantes qu’elles soient, ne me remplissent pas d’un enthousiasme délirant. Le fabuleux monde d’après me paraît assez éloigné. L’utopie est en route mais le chemin sera long. Certains affirment même que le monde d’après sera celui d’avant, en pire ! A voir redémarrer le monde du présent, je crains que ces derniers n’aient raison.

Et pourtant, il va falloir que je quitte ma cabane ! Quand faut y aller…faut y aller.

Mais, mieux vaut affronter les choses progressivement, pas à pas.

Certaines recherches ont prouvé que des interactions progressives avec la nature pouvaient redonner goût aux sorties.

J’ai donc décidé de commencer par partir en vacances, plonger dans la nature et … j’ai cédé pour cette proposition :



J’avais aussi le choix entre :

la cabane bambou

ou celle au Canada

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(voir ci-dessous).

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5 commentaires


berthejean
15 juin 2020

Home sweet home.


...

Mid pleasures and palaces though we may roam

Be it ever so humble, there's no place like home

A charm from the skies seems to hallow us there

Which seek thro' the world, is ne'er met elsewhere

Home! Home!

Sweet, sweet home!

There's no place like home

There's no place like home!

...


Les Anglosaxons ont aussi leur nostalgie poétique sur le "Home sweet home". Extraite d'un opéra, cette chanson est devenue un grand classique. Depuis plus de deux siècles elle fait rêver les syndromisés de la cabane (non ce néologisme n'est pas péjoratif).


https://www.youtube.com/watch?v=OqjjfF1Wn-s

ttps://www.youtube.com/watch?v=sAljxRhwtWM

https://www.youtube.com/watch?v=7R67rji5aTI

etc. Il y en a beaucoup d'autres à explorer.


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crazychicken
14 juin 2020

Le syndrome du poulailler est exactement l’inverse ! Fuir cette horrible cabane qu’on appelle poulailler. Fuir cette promiscuité tapageuse. Fuir cette prison malodorante. Traverser les routes, visiter le monde, courir après le vent, c’est ça la vie !

Crazy Chicken.

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marymailto
14 juin 2020

Syndrome de la cabane ? doux symptômes ma foi !

La cabane, objet de poésies ==> "Éloge de la cabane, Anthologie de poésie chinoise sur le thème de la cabane et du jardin." de Moudarren.

et encore, cet extrait

"A ses pieds roule avec douceur

d’un ruisseau l’onde diaphane. Zéphir y porte la fraicheur.

Ah ! combien j’aime ma cabane."


Oui, moi aussi, j'aime ma cabane... et j'essaierai la potion "cabane à sucre" ! Et j'ai bien conscience que l’absorption d'alcool est incompatible avec la sortie. ... Chacun choisit son confinement !

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berthejean
13 juin 2020

Garde toujours ton téléphone avec toi, au cas où tu resterais coincé dans la cabane au fond du jardin....

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berthejean
12 juin 2020

Le syndrome de la cabane? Voyons, un peu... Non cette fois ce n'est pas le poumon et ça se soigne très bien!

Le remède? Le cocktail "cabane à sucre".

Recette: sirop d'érable, jus de citron et cognac.

Je te souhaite bonne guérison.

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