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  • Photo du rédacteurLes instants du temps

So british...



« On est peut-être les gentlemen anglais fair-play, mais on est aussi les enfoirés de la perfide Albion » (John le Carré)


Il ressort de différents commentaires concernant l’art du pitch que les voyages font également l’objet de« pitch, accroche, reviews, critiques » plus ou moins sincères, empreints de vérités plus ou moins augmentées (je ne me prive pas de ce mot à la mode), et que le dépaysement et la sérénité sont diversement au rendez-vous.

Notamment, les allusions à l’Angleterre n’ont pas manqué. En l’occurrence, permettez-moi une sérieuse mise en garde : « stop, danger, warning, be careful ».


So british, so perfide….


So british, quelquefois, mais comment ne pas, également, donner crédit à l’expression

« Perfide Albion » !

Ce qualificatif traduisant la mauvaise foi, la déloyauté est une constante outre-manche et, depuis Azincourt, leur caractère chevaleresque n’est pas prédominant.

Les attaques sans déclaration de guerre furent nombreuses.

Même Pierre Perret s’en est ému lors de la guerre des malouines dans sa chanson « Quelle époque on vit » :

Quand la perfide Albion.

Commande Pénélope

À toutes les deux elles font

Une belle paire de salopes

Elles partirent aux Malouines

En culotte de satin

Pour refiler la chtouille

Aux braves Argentins »


Et, tout récemment :

- So perfide,ce Brexit ? Les anglais qui avaient un pied en Europe et un autre au-dehors ont, désormais, un pied dehors et un autre dedans. Tout ça pour ça !

- So perfide, ce premier variant qui, comme par hasard, est anglais !



Dans un esprit de curiosité ethnologique, j’ai, personnellement, vérifié si cette perfidie était bien réelle ou n’était qu’une idée reçue. Faisant preuve d’une grande témérité, voire d’une regrettable insouciance je me suis aventuré dans le Devon, ce comté du sud-ouest de l'Angleterre, encadré par les Cornouailles, le Dorset, et le Somerset.


Mal m’en a pris.


Commençons par le temps.

Même dans le sud de l'Angleterre dans une contrée qui est sournoisement appelée « la Riviera », il pleut.

J'avais, à tout hasard, pessimiste de nature, emporté un léger imper.

Mon premier achat fut, pourtant, celui d'un parapluie, d’un umbrella comme disent les anglais (appellation qui fait moins mouillée) car, à mes dépens, j’ai constaté que la pluie était imprévisible, aléatoire, vicieuse.

Régulièrement, je demandais le matin, à l'accueil de l'hôtel, quel temps il allait faire, les autochtones étant les mieux placés pour ce genre de prévision. Aussi régulièrement la réponse consistait en un haussement d'épaules en signe d’incertitude, de fatalisme et même d’ironie devant une question aussi naïve qu’incongrue. Le personnel de l’accueil, terminait souvent, sans se mouiller ( !) par une sentence définitive « "le temps anglais".

Compte tenu de cette imprévision météorologique, tous les matins j'emmenais donc, au-dessus de mon polo, une grosse veste (car il pouvait faire froid), un léger imper (pour le vent et le probable crachin) et le parapluie. Inutile de dire que l'encombrement était maximal et que lors des rares intervalles de chaud soleil (si, si …) j'étais trempé de ... sueur.

En fait, j’ai toujours été trempé, pluie, sueur, à tour de rôle ou en même temps. Lessive tous les soirs et séchage désespérant en raison d’une hygrométrie de l’ordre de 95%.



Venons-en à la circulation routière.

Circuler à gauche pose un problème de concentration, surtout quand votre GPS français, emmené par utile précaution, vous demande instamment de garder la droite (pour aller tout droit ou pour vraiment bifurquer à droite ??? that was the question !).

Mais, surtout les anglais, toujours pragmatiques, ont inventé l'auto-chicane. Ce qui signifie que l'auto de chacun, représente pour l'autre, un obstacle mobile imprévisible, inattendu, piège à rétroviseurs, ailes et portes.

Deux exemples tenant à l’extrême étroitesse des rues.

En milieu urbain, alors que ces rues permettent le simple croisement de 2 voitures de type smart , on a rajouté des possibilités de stationnement! Gymkhana garanti et effroi devant l’apparition d’un bus ou d’un camion à qui la taille confère une priorité certaine.

En campagne, toujours verdoyante, les murs latéraux d'arbres et de buissons sont régulièrement taillés, hachés, rabotés par les différents véhicules obligés d’emprunter une certaine absence de bas - côtés.



Les amateurs de sensations fortes ne sont pas obligés de polluer les déserts africains ou argentins, il suffit de grimper dans un immense bus à étage parcourant les chemins vicinaux. Après ¼ d'heure, dos et reins vous rappellent que vous avez oublié de prévoir un rendez-vous chez votre ostéopathe. Si vous avez commis l'erreur de vous placer à l’endroit que vous pensiez privilégié pour vous repaître du spectacle, c'est à dire au 1° rang de l'étage supérieur du bus, vous sursautez à tout moment, en voyant le bus foncer vers les hautes branches des arbres qui viennent cingler le pare-brise. Dans un virage à angle droit, l'aile gauche de l’impérial bus frôlant la maison maladroitement disposée près du virage, vous priez pour que l'occupant n'ouvre pas ses volets ou sa porte.

Après 2 heures de ce régime et n'avoir parcouru que 20kms (ou miles ?) , vous vous précipitez, hagard, fourbu, nauséeux hors de l'engin démoniaque pour vous réfugier dans la 1° taverne venue et commander une pinte.


Ceci m'amène à évoquer la gastronomie. La quoi?

Pour respecter la tradition, j'ai goûté au fish & chips (minimum 3 pintes pour alléger et liquéfier l’absorption de l'ensemble), et à l'agneau cuit et recuit du Dartmoor ( j'ai du tomber sur l'animal le plus nerveux du troupeau).

Question petit déjeuner, il faut toutefois reconnaître la supériorité du « full breakfast » a savoir, 2 œufs au plat, 2 saucisses, du lard grillé, des haricots, un peu de gratin, avec ketchup et capuccino comme boisson. Quel plaisir les premiers jours ! Dommage que mon système digestif, réfractaire à la curiosité culinaire rêvait, dès le 4° jour, au petit pain au chocolat et à la baguette.




Je caricature, bien sûr, et il existe d'autres excellents breakfasts dans les bars à base de Ploum ou Youm youm (appellations garantissant un d’imaginaire onctueux et roboratif). Ce sont des espèces de gâteaux fourrés à la crème et recouverts d'une épaisse couche de sucre glacé. Excellent, sucré plus qu’à souhait, et devant approcher les 1000 calories d'un coup.

C’est ainsi que j'ai compris comment les anglais avaient réussi à combattre les maigreurs maladives de Twiggy ou Kate Moss, à juguler la mode dangereuse des mannequins filiformes.

Gâteaux sucrés, buffets à volonté de charcutaille, bière, soda, ice cream, chips à toute heure ....rien de tel pour retrouver des formes en un temps record. L’obésité galopante témoigne de la réussite de leur dur combat contre l’anorexie.


Un autre challenge est également en passe d’être relevé victorieusement . L’élégance anglaise s’est métamorphosée.

La silhouette rigide et coincée, l’uniforme du gentleman sont généreusement remplacées par les artifices de la génération punk. Sac à patates troué, florilège de colifichets plantés, accrochés, enchâssées dans tout lambeau de peau encore apparent au milieu des tatouages et peintures étranges, symboles, sans doute, de l’appartenance à un club, une secte, un clan…Cheveux colorés fluo …



Mais, c’est dans l’hébergement que l’innovation anglaise, la créativité démontrent tout leur savoir-faire en duplicité.

L’ingéniosité est prouvée par la multiplicité des catégories d’hébergement : hôtel, Bed & Breakfast, gest house, accomodation house, farm house, appartments, self catering….A part les hôtels de chaîne, il est impossible de savoir ce que va recouvrir votre label étoilé.


Tout y est objet d’étonnement et de surprise.

Un hôtel « New Continental », qui évoque le modernisme se révèle un hôtel à l’ancienne, cosy, gros fauteuils « club », combiné téléphonique baroque, mariage et salle de bal.

Un hôtel 4 étoiles peut n’être qu’une pension pseudo familiale dont l’insécurité électrique entraînerait la fermeture partout ailleurs. J’en veux pour témoignage, le déclenchement inopiné de la télé en pleine nuit. La télé…c’est beaucoup dire pour un écran de 30 cm, suspendu et qu’il faut débrancher pour actionner le sèche-cheveux en dépit de la multiplicité de câbles pendouillant, des prises et rallonges à go go…



Enfin, la langue anglaise ne laisse pas d’étonner, même si mes progrès furent indéniables.


J'ai compris l'importance de la phonétique quand, à la question que je posais concernant Darmouth, qu'il me semblait pourtant avoir bien prononcé, la représentante de l'office de tourisme me hurla, à ma grande stupéfaction et inquiétude, Dartmousssss ou Dartmooooor?


Autre exemple, personne ne semblait connaître un village du nom de Méiry jusqu’à ce qu’ils comprirent qu’il s’agissait de Méiry !

oui, je sais, ça semble comparable…


J'ai également largement enrichi mon vocabulaire de mots nouveaux très utiles comme "mirror" ou auto repair (rétroviseur explosé) penalties (amendes nombreuses et chères pour dépassement minimal des durées de parking), i’m sorry, its not possible (formule commerciale signifiant que vous devez payer et que vous ne devez rien espérer) SPAR ( bureau de poste et éventuellement commerce de proximité)…

Dernier exemple, last but not least, « Beach » signifie « fête foraine ».

Conscient du peu d’intérêt touristique de certaines plages, celles-ci sont investies, y compris sur des jetées bâties à cet effet dans la mer, par une multitude de manèges forains mais surtout par quantité de jeux video, casinos, bandits pas manchots, halls immenses remplis de simulateurs et machines piégeuses…

Une dérisoire et sordide copie de Las Végas !



Je reconnais que le trait est un peu poussé. Je n’irai pas jusqu’à reprendre les paroles de Yves Martin, chanteur français peu médiatisé, qui s’exclamait :


« Perfide Albion paradis maudit

T'aimer c'est comme une maladie

Un mal sournois qui se déguise

Pour vous frapper au bord de la Tamise »


Mais, effectivement, je suis obligé d’admettre, par honnêteté intellectuelle, que l’Angleterre peut offrir quelques charmes.


Les superbes villes de Darmouth, Torquay, Totnes, les jardins de Dardington Hall, le port historique de Plymouth, les paisibles villages, les châteaux du Kent, les excentricités londoniennes, les enterrements de vie de jeune fille,…etc


Et puis, il y a les anglaises. En fait, UNE anglaise de plus de 150 ans que j’ai poursuivie de mes assiduités à Paris, Rome, Londres.


« Rousseur profonde des cheveux relevés en lourds bandeaux flamboyants.

Elle. C'était Elle. »



Elle, c’est Lizzie, c’est Beata Béatrix, c’est Elizabeth Siddal.


Sa destinée fut bien étrange.

Modiste, artiste-peintre, poétesse, modèle, notamment pour les préraphaélites Walter Devrell, William Hunt. Elle fut Ophélia pour John Everett Millais.



Elle fut surtout le modèle par excellence de Dante Gabriel Rosseti dont la majorité des premières peintures furent ses portraits et qui lui voua un véritable culte.


« Un visage ressort de toutes ses toiles, Une figure identique est assise, marche ou se penche Il se repaît des traits de son visage jour et nuit Non telle qu’elle est, mais telle qu’elle remplit ses rêves »


Elle fut aussi sa compagne, son épouse trop souvent trahie si bien qu’elle se suicida , à 32 ans, d’une overdose au laudanum.

Son histoire ne s’arrête pas là. Sept ans plus tard son corps fut exhumé, nuitamment, par son mari qui souhaitait retrouver ses poèmes, imprudemment enterrés avec Lizie. Ce dernier eut la surprise de retrouver son cadavre intact, sans aucune trace de décomposition. Ses cheveux roux avaient continué à pousser dans son cercueil.

Aujourd’hui encore sa tombe contribue à la rumeur de l’occultisme liée au cimetière de Highgate.

Mais, ceci est une autre histoire merveilleusement racontée par Philippe Delerm dans son livre « Autumn ».


So british, so perfide. Savez-vous, enfin, que Nino Ferrer a chanté « l’Angleterre »? , mais il es préférable d’écouter ces chansons et groupes mythiques venus d’Outre manche.



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(voir ci-dessous).

29 vues1 commentaire

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1 則留言


docdico
2023年3月21日

Histoire vraie.


Merci à l’auteur pour cet article réjouissant. Que d’aventures ! Il est vrai que nous aimons taquiner nos amis Anglais. Ils ne nous le rendent bien d’ailleurs.


Je vais partager avec vous une courte et petite aventure en Angleterre, une histoire vraie.


C’était il y a bien longtemps. Trop longtemps. J’avais dix-sept ans. Je faisais un séjour prétendu linguistique dans le Kent. Une famille Anglaise, très « British », accueillait de jeunes étrangers. Nous étions trois, un Suisse francophone (je ne me souviens plus de son prénom), Ingrid une fort jolie Allemande (1), et moi. Sous la houlette de Mrs Wills, nous apprenions à nous comporter comme des Anglais. Elle nous initiait à la gastronomie Anglaise (2). Elle…


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