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  • Photo du rédacteurLes instants du temps

Que se passe-t-il là-haut?


Pâques chrétiennes, juives, ramadan sont victimes, à leur tour, du COVID-19.

Rassemblements supprimés ; sauf pour des groupes d’intégristes illuminés, avec comme exemple cet évêque orthodoxe qui déclare

« les épidémies se sont toujours arrêtées aux portes des églises. Là où l’on effectue les sacrements divins, la contagion ne se propage pas ”.

Comme le nuage radioactif de Tchernobyl.

Contextuellement, rappelons que de nombreuses rencontres religieuses sont à l’origine de la propagation de l’épidémie :

- Rassemblement évangéliste à Mulhouse.

- Corée du Sud, ville de Dagaau, la 4e ville du pays, rassemblement de l’église Shincheonji de Jésus, congrégation évangélique accusée par certains d'être une secte.

- Iran, mi-février à Qom, ville sainte, située à 150 km au sud de Téhéran, où affluent toute l’année des centaines de milliers de pèlerins.

- Malaisie, rassemblement de 20 000 membres du mouvement musulman Tablighi jamaat, fin février à Kuala Lumpur,

- Pakistan, ce même mouvement, a maintenu son grand rassemblement il y a deux semaines à Lahore.

- Israël, 50% des malades hospitalisés à travers le pays sont des haredim, ultra-orthodoxes, alors qu’ils ne représentent que 10% de la population.

Pâques 2020, le partage de la foi devient numérisé, les cathédrales sont virtuelles.

Le suivi cathodique du chemin de croix a un petit air de Kho Lanta, la confession a lieu sous forme de drive-in installé sur des parkings. La ferveur d’une assemblée priant à l’unisson ne réchauffe plus les âmes et chaque fidèle tente de vivre sa spiritualité avec distanciation et ne peut recevoir le corps du christ que par livraison. Sans contact.

Que se passe-t-il là-haut ?

S’agit-il, comme certains hommes d’église l’ont prétendu et continuent à le prétendre, d’une manifestation de la justice divine ?

Avec l'idée que l'épidémie était une punition de Dieu, lors de la grande peste, des processions de fidèles se fouettaient pour expier leurs péchés.

On n’imagine pas le pape François recommander cette pratique lors de la bénédiction urbi et orbi traditionnellement donnée depuis la loggia de Saint-Pierre. Pie XII l’avait suspendue de 1941 à 1947 à cause de « la tristesse des temps actuels pour l’humanité ».

Autre temps, autre guerre, tristesse toujours.

Justice divine ? Certains prêtres ou pasteurs, souvent de tendances conservatrices, continuent à tenir localement ce genre de discours. Aux États-Unis, certains évangélistes lient l'épidémie actuelle à des phénomènes de société qu'ils récusent, par exemple l’avortement et le mariage pour tous.

De tous temps la religion et ces funestes maladies ont souvent été associées.

Des peuples entiers ont été décimés par le zèle infecté des missionnaires.

D’autres constats ont montré que des religions prospéraient au cours d’épidémies grâce à leurs vertus d’aide et de solidarité ou simplement par la peur. Durant la grande peste de 1720 à Marseille, les historiens ont constaté qu'il y avait une flambée de dévotion, retombée aussi vite qu'elle était apparue.

Confinement, ou non, lors des pratiques religieuses ?

Cette question n’est pas nouvelle et a donné lieu à des réponses différentes. Rien de nouveau sous le soleil.

Les mesures de confinement que nous connaissons actuellement étaient déjà prescrites dans l’Ancien Testament et le Talmud. Cette conscience aiguë du bénéfice des mesures individuelles d’hygiène au profit de la collectivité est centrale dans les textes de la sagesse juive.

« Au dehors, l'épée fera des victimes, au dedans, ce sera la terreur : adolescent et adolescente, nourrisson et vieillard » (Deutéronome 32, 25).

Efficace ! la sanction actuelle pour sortie inconsidérée a encore une large marge de progression !

A contrario, au moment de la "grande peste" ou "peste noire" (1348-1352), il y eut une recrudescence du culte. On organisait de nombreuses manifestations religieuses, des processions destinées à conjurer le fléau !

En 1771, à Moscou, l'archevêque Ambroise, en pleine épidémie de peste frappant la Russie, supprime une grande prière collective qui devait être faite devant une célèbre icône. Il y eut une émeute. L'archevêque a même été tué. L’histoire ne dit pas si son décès a été comptabilisé au titre de la peste, ou non;

à propos, la comptabilisation quotidienne par le professeur Salomon est absolument morbide et crispante, une courbe d’évolution sur le chiffre essentiel serait la bienvenue;

Plus près de nous, lors de l'épidémie de grippe espagnole en 1918-1919, alors que la France restreint fortement les services religieux, les curés du très pieux canton suisse du Valais, refusent de célébrer des messes en plein air comme le demandent les autorités civiles ; ils rassemblent les fidèles dans leurs églises.

A défaut de confinement, la religion chrétienne a eu recours à quelques saints spécialistes de la peste, … et pourquoi pas du corona virus.

Saint Sébastien fut au Moyen-Age, un des premiers saints antipesteux.

Saint Roch, atteint par la peste, secouru par un chien, est devenu à partir du XIVe siècle un autre grand saint invoqué contre la peste. Ses reliques et images sont censées conjurer le fléau.

Rome a élevé d’un cran ses prières en invoquant directement la Sainte Vierge. Il existe une icône représentant la Vierge qui a fait l'objet d'une légende élaborée au Moyen-âge. On lui prêtait alors d'avoir sauvé la ville lors d'une peste aux alentours de 600 qui frappa le bassin méditerranéen sur deux siècles. Elle est ainsi régulièrement portée en procession dans les rues de Rome, et la ville lui attribue sa sauvegarde en cas d'épidémie.

Pâques 2020, Il semble bien que la Vierge ait, également, abandonné sa protection.

Un autre symbole de Pâques est la transhumance des cloches.

Pâques 2020, les cloches se sont tues jeudi soir mais n’ont pas eu l’autorisation de partir en pèlerinage à Rome en cette fin de semaine.

Que va-t-il se passer au moment du Gloria pendant la messe quand elles sont censées carillonner sans interruption durant cette prière. Un grand silence ? le tocsin ou le glas ?

Elles sont également censées laisser tomber des friandises dans les jardins pendant leur retour de Rome.

Pas de voyage, pas de friandises…

Pour pallier ce manque, j’ai donné de la pâte chocolatée à mes poules, j’espère bien ramasser des œufs au chocolat.

Des cloches (euphémisme) migratoires ont pourtant voyagé cette semaine. Elles ont quitté les villes pour la campagne, la montagne, les plages.

Avec, peut-être, un virus pour cadeau.

Ne leur pardonnez pas Seigneur, car ils savent.

Un peu de baume au cœur…

Émouvant Ave Maria chanté par Judtih Chemla vendredi saint à Notre Dame .

La prière de Francis Jammes par G. Brassens

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1 Comment


berthejean
Apr 12, 2020

Ave Maria chanté par Judith Chemla est effectivement émouvant et très beau. Mais chanté dans cette cathédrale dévastée, en ces temps de pandémie, il dégage comme un parfum d'Apocalypse. De profondis clamavi a te Domine...

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