Comme 70% de français (il m’a semblé qu’ils étaient encore plus nombreux et participaient allégrement au tourisme dit de masse), faisant fi de la montée des prix, je suis parti en vacances. On verra à la rentrée. Le panier anti-inflation y pourvoira.
Cédant aux tendances du moment, et aux injonctions de Sandrine Rousseau, je choisissais une destination à la campagne, pas trop éloignée de mon domicile. C’est ainsi que je me décidais pour un charmant village de Seine maritime au nom délicieusement exotique et prometteur : Quancoune.
Tout était vert. La végétation, les prés à perte de vue simplement mouchetés de la robe noire et blanche de centaine de bovins.
Loin du greenwashing, j’étais véritablement écoresponsable.
J’ai vite compris pourquoi le vert était si prépondérant. Il a plu. Beaucoup, beaucoup plu. Alors que les bulletins météo débordaient d’alertes canicule. Manifestement, nous n’habitons pas le même territoire. Avec le réchauffement climatique il semblerait qu’il faille choisir entre les 40 degrés avec un ciel de plomb ou les 17 ° et …un ciel de plomb.
Pour des raisons de sobriété financière, j’avais opté pour le camping. Le vrai, pas la cabane, la hutte, la roulotte, le bungalow, le mobil-home mais la bonne vieille tente canadienne. Pas vraiment imperméable.
La pluie dégoulinait à l’intérieur en noyant mes Bolinos.
Mais, c’étaient les vacances et le temps des loisirs. Que faire quand il pleut au camping ? Je reste hostile aux passions virtuelles sur petit écran et, de toute façon, le WIFI était inconnu. Donc, les cartes. Et, plus particulièrement le jeu UNO. J’ai une nette préférence pour ce jeu car les règles restent floues si bien que je ne suis pas obligé de tricher pour gagner.
Soucieux d’avoir un passe-temps plus formateur, je me suis inscrit à un cours de « Bezu la queue leu leu » encore appelé cours de chenille synchronisée , ce qui m’a permis de participer, en pleine forme et compétences, au record de la plus grande chenille au monde avec 3940 personnes à Rouen.
Ceci étant, une pluie permanente agrémentée de vents violents peut finir par lasser.
Je pris la route de la canicule. J’avais suffisamment de fraîcheur accumulée pour oser l’affronter. Découvreur d’iles, après Noirmoutier, Oléron, Ré, je choisissais, celle des Faisans, dans le pays basque. Une île peu connue, au nom prometteur, où j’espérais me réchauffer au calme.
Mal m’en a pris. Certes, le calme y règne en maître car il est impossible d’accoster sur cette île. De fait, j’étais le seul faisan de ce rivage.
J’ai dû me rabattre sur une plage ordinaire. C’est-à-dire celle où s’entassent les milliers d’individus, les mêmes que l’on a côtoyés dans les villes et sur les autoroutes.
Rien de particulier. Une plage classique. Serviettes à touche-touche, parasols plus ou moins sponsorisés, le mélanome que l’on prépare, les yeux agressés par le soleil en essayant de déchiffrer son écran, les appels pour enfants perdus, les entorses dues à des châteaux de sable effondrés.
Plus captivant, ces stations balnéaires regorgent de glaciers, de bars et restos, les uns implantés sur le sable, les autres, plus classiquement, le long de la moindre digue. J’ai testé et vous relate mon expérience gastronomique pour estivants affamés.
Ce qu’ensuite, j’appellerai « les gastronomes atterrés ».
Vision dans un resto de plage. À peine assis, certains se jettent sur leur portable posé sur la table. Ils ont tort. Le spectacle est autour d’eux.
Me voilà donc assis dans une paillotte comme on dit dans le sud.
Plutôt agréable. Accueil sympa, tables sous parasol relativement éloignées les unes des autres. Ayant passé la commande, je regardais mollement mon environnement.
Un couple à ma gauche, originaire de je ne sais quel pays, se contentait d’une assiette, pour deux, de rondelles de calamars frits avec coca cola, et cigarettes et smartphones.
A ma droite, le menu était plus copieux. Avec des huîtres en entrée et champagne, voilà de fins gourmets. La suite n’a pas confirmé cette première impression. Spaghettis bolognais pour l’un, planche de crevettes et saumon pour l’autre et…
« - sont bons tes spaghettis ?
- ben… goûte !
- tiens, prends une crevette
- Garçon, vous pouvez m’apporter de la mayonnaise ? ».
Pour les crevettes pensez-vous ! Que nenni, pour les spaghettis !
Le tout arrosé de bière. Le méli-mélo s’est poursuivi jusqu’à asséchement des assiettes.
Etrangeté culinaire que je n’ai pas envie de tenter.
Derrière ma table arrivait un couple avec un jeune enfant d’environ un an. Il ne marchait pas et tenait à peine debout.
Sans ambages, la couche de l’enfant fut changée sur la table du futur repas –si, si !
Si une couche propre était prévue dans l’un des multiples sacs, en revanche, pas de repas infantile. Le bébé sembla, cependant, se régaler de morceaux de frites trempés dans la mayonnaise. S’il ne marchait pas, il connaissait l’usage de la paille… pour aspirer du coca !
Je me suis trouvé étrangement banal avec ma salade César et mon verre de rosé.
Fort de ces expériences originales, j’ai souhaité établir la comparaison avec un resto plus classique en ville.
Resto ? Plutôt une salle de jeux pour jeunes enfants qui galopaient en braillant dans l’établissement. J’ai un doute quant aux statistiques qui prétendent que la natalité est en baisse ! Les serveurs , avec un sourire proche du rictus, les évitaient en pratiquant l’esquive tauromachique.
Resto, néanmoins, car une jeune femme, à peine installée, allaitait son bébé.
C’est la mode !
Je réussissais à trouver un coin un peu plus tranquille, au fond. Pendant l’attente des moules frites que j’avais commandées, je jetais un œil sur mon entourage. Je suppose que vous aussi, au vu de l’aspect et l’attitude des personnes que vous rencontrez, surtout quand sont tombés costumes et cravates, vous ne pouvez-vous empêcher d’imaginer qui elles sont.
Cette dame d’une quarantaine d’années était anglaise, à tout le moins, anglo-saxonne (j’avais entendu son accent lors de la prise de commande). Elle n’était pas habillée en touriste estivale, plutôt élégante dans un monde de bermudas et T-shirts défraichis.
Elle était seule. Elle ne semblait pas attendre quelqu’un. Qui était -elle ? Que faisait-elle ? J’aurais aimé lui poser la question en simple curiosité bienveillante. Voyage d’affaires ? Commerciale ? en ce lieu voué au farniente.
J’ai détourné les yeux vers un couple qui s’était attablé près de nous. La trentaine décontractée, presque négligée. C’est lui qui parlait. Beaucoup. Est-ce qu’il la draguait ? Apparemment, non. Plutôt 2 connaissances qui se retrouvaient pour un rapide dîner. Voilà, d’ailleurs les plats qui arrivent : lui, un welsh (une des spécialités de l’endroit), elle…un sandwich jambon–beurre ! oui, un sandwich jambon–beurre dans un resto dont la réputation est basée sur la soupe de poisson, les moules, les huîtres et autres plats locaux…
Va comprendre Charles.
J’avais laissé passer trop de temps dans mes projections imaginaires pleines de curiosité, mes moules, par ailleurs insipides, étaient désormais froides.
Je suis finalement rentré plus tôt que prévu, anticipant les conseils de Bison pas trop futé.
J’ai retrouvé le plaisir du domicile et le confort de mes nuisances habituelles. Les tondeuses en pleine pause méridienne, les taille-haies et autres tronçonneuses, les hélicos, les enfants voisins qui trampolinent en criaillant, le barbecue proche aux relents de sardines ou de merguez.
Un ensemble finalement supportable, suffisamment éloigné.
Une autre actualité m’a, alors, assailli.
Plongé dans la mêlée médiatique alors que je ne comprends rien aux règles du rugby, j’ai l’impression que l’on est déjà champion du monde avant que ça ne commence.
Après les marronniers habituels ponctuant la rentrée, les polémiques journalières sans intérêt, les journées du matrimoine, j’attends , désormais, l’annonce de la première grève nationale, sans doute, celle du milieu éducatif .
Je vous accorde être plutôt ronchon, grognon en cette rentrée…
PS : Ne cherchez pas le charmant village de Quancoune. Il a été inventé en mars 2006 pour les besoins d’une campagne publicitaire de la SNCF, comme Nouillorc, St Gapour, Losse-en-Gelaisse. En revanche, les péripéties gastronomiques ont bien été vécues.
Féminisme oblige. Grognon n’est pas l’apanage du sexe masculin comme le chante Richard Gotainer.
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Tentons de dégrogniser un peu l’ambiance. Voyageons gai.
Il n’y a pas si longtemps, j’allais souvent aux Pays-Bas pour mon travail. A La Haye, je retrouvais des collègues Français, Allemands et parfois Anglais pour travailler dans une ambiance très internationale.
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Le soir, après notre journée de travail, nous nous retrouvions dans un restaurant qui nous faisait donc voyager. Nous avions inventé la mondialisation de la gastronomie, le voyage dans le voyage. Le voyage à tiroirs, comme les charades. Habiter Nice et supporter un aller et retour Transavia vers la Hollande pour manger une pizza, cel…
Jean de La Fontaine n'a pas écrit de fable ? un imitateur, un usurpateur, donne une belle leçon à Monsieur Grognon. ...
Il était une fois un homme appelé Monsieur Grognon,
Toujours de mauvaise humeur, toujours ronchon.
Il décida de partir en vacances, loin de chez lui,
Dans l'espoir de trouver un peu de répit.
Il s'envola vers une île ensoleillée,
Avec de belles plages, de l'eau turquoise enchantée.
Mais dès son arrivée, Monsieur Grognon,
Commença à critiquer tout ce qui l'entourait sans raison.
"Il fait trop chaud !", se plaignait-il sans arrêt.
"Les touristes sont bruyants, je ne peux me reposer."
Il arpenta la plage, grognant à chaque pas,
Même le doux bruit des vagues ne le satisfaisait pas.
L'idée de créer ce blog était une bonne idée ! ça se confirme à chaque publication. Si l'auteur se triture les méninges et si la production est parfois laborieuse, il nous apprend des choses essentielles comme par exemple, 24/09 => Journée mondiale contre les brevets logiciels. 🤔
Plus sérieusement, les commentaires révèlent des talents cachés jusque là et ça, c'est vraiment réjouissant.
Merci à Jean Berthe pour ce poème "à la manière de" ... Après ça, comment rester GROGNON ?
Heureux qui comme Ulysse…
Je prie Janine Meurin de bien vouloir m’excuser, mais je n’ai pas trouvé chez Jean de La Fontaine des fables ou des contes illustrant ses voyages. La Fontaine n’aimait pas voyager. Le plus loin qu’il soit allé, c’est une fois dans le Limousin. Pendant ce court voyage, il a bien écrit quelques lettres à sa femme, mais je n’ai pas pu les consulter pour en proposer ici quelques extraits. Je suis désolé, ce sera pour une autre fois.
Mais d’autres poètes ont écrit sur les voyages, et comme l’auteur de cet article sur le plaisir de retrouver son chez-soi.
Jadis Joachim du Bellay, poétiquement grognon, rêvait de retrouver sa douceur Angevine. Vous vous souvenez sûrement.
Heureux…
Message pour Jean Berthe = nous attendons quelques infos sur les vacances, l'été, ... de Jean de la Fontaine !