top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurLes instants du temps

Les Choses en 2023




Les choses – Quelles choses ? Car Voilà un mot passe-partout qui supporte plusieurs définitions. En voici quelques-unes.


« Chose » peut désigner une entité abstraite, une action, un événement, un énoncé une émotion :

- L'amitié est une chose rare.

- J'ai deux choses à vous dire.

- Je me sens tout chose.

- C’est peu de chose (au singulier) que de dire que peu de choses (au pluriel) l’intéressent, en tout cas, pas grand-chose…


Il peut s’agir d’une situation réelle, un ensemble d’événements, des circonstances :

- Regarder les choses en face.

- « Les jolies choses » selon Virginie Despentes.

- « Les choses de la vie » que nous suggèrent le superbe film de Claude Sautet et la musique bien mélancolique de Philippe Sarde.


Il peut, aussi, s’agir d’un être humain :

- Soit incapable d'autonomie : Ce n'est plus qu'une pauvre chose.

- Soit entièrement dépendant de quelqu'un d'autre : Il en a fait sa chose.

- Soit un jeune garçon de petite taille : « le Petit chose » d’Alphonse Daudet.

- Soit quelqu'un, identifié d'une manière vague : Machin Chose.


Mais, je m’intéresse essentiellement à la définition suivante :


Chose = Entité concrète par opposition aux êtres animés : La table, le livre sont des choses et le synonyme en est « l’objet » que l’on peut décliner de diverses façons.

On peut entretenir avec les objets une relation intense, voire passionnelle. On les aime, on frémit à l’idée de les perdre, on cherche frénétiquement à les retrouver (surtout ses lunettes). C’est qu’ils sont Souvent liés à un souvenir, les objets cristallisent nos émotions et nos sentiments : amour, tristesse, joie, peur, désir, jalousie…


C’est ainsi que François Vigouroux estime que les objets ont une âme et Georges Pérec dans «Les choses» précise « cette beauté multiforme des objets qui circulent à profusion dans nos villes et nos vies. Les hommes sont fascinés, non pas par les marchandises en elles-mêmes mais par l’image de soi que leur possession implique. L’usage social des objets est décevant, non ces objets.»



Après la cause animale, la prise en compte des souffrances de la nature, allons-nous vers une reconnaissance juridique des choses, des objets ?


La musique les a glorifiées, écoutez Jean Jacques Goldman avec les Choses ou également celles des Têtes Raides .


Les objets –les choses- ont même droit à une expo au Louvre en ce début d’année.

Le commissaire de l’exposition s’exclame, ainsi : « Les artistes ont été les premiers à prendre les choses au sérieux. Ils ont reconnu leur présence, les ont rendues vivantes et intéressantes en exaltant leur forme, leur signification, leur pouvoir, leur charme ».

C’est cette histoire des objets qui y est racontée, de leur représentation (ceci n’est pas une pipe selon Magritte) à leur matérialité en tant qu’œuvre d’art comme le « Ready made » de Marcel Duchamp et son célèbre urinoir inversé qui fit scandale lors de sa première exposition à New York. Depuis, le grand n’importe quoi, selon l’expression de Duchamp, a fait des émules.



Hors les musées, dans la rue, les objets se sont invités dans les luttes féministes.

« Et si les objets du quotidien étaient des instruments de lutte, aussi puissants que les armes ? » déclare L’historienne Mathilde Larrère (Guns and Roses : Les Objets des luttes féministes).

Brandis lors de grèves et de manifestations, de la Révolution française au mouvement #MeToo, ils ont souvent été transformés en emblèmes. Ainsi en 2016, le planning familial français lance une campagne choc : « Ceci n’est pas un cintre », mettant en avant cet outil banal, qui a pourtant été l’un des instruments majeurs servant à pratiquer des avortements clandestins dans de nombreux pays. Aujourd’hui symbole de la lutte pour le droit à l’avortement, le cintre est dessiné sur des pancartes, ou imprimé sur les tee-shirts…




Mais, si comme François Vigouroux, on pense que les objets ont une âme, j’estime, pour ma part, que bon nombre d’entre eux distillent une nocivité démoniaque bien réelle. Sous couvert d’apports indispensables, leurs maléfices nous perturbent, nous gâchent la vie, nous frustrent, nous rendent minables.

Qu’attend-on d’un objet ? Qu’il nous serve. Or, dans bien des cas, ils semblent dotés de leur propre vie et jouent à nous pourrir l’existence.


Prenez le cas des cordons des écouteurs. Je les lisse et les assemble correctement avant de les poser ou les mettre dans ma poche. A tous les coups, stupéfait, je les retrouve emmêlés, embrouillés en un touillon indescriptible. Ils présentent des torsades, des nœuds que je serai incapable de produire. Il faut, alors, garder son calme, désimbriquer le cordon gauche qui s’est entortillé avec le droit, lui-même tressé avec le cordon/fiche. Le mikado est d’une déconcertante facilité à côté de cet inextricable embrouillamini.



Les lacets de chaussures sont un peu moins dangereux mais leur nuisance frappe régulièrement. Je m’efforce de les nouer par une belle cocarde bien équilibrée et facile à libérer. Que nenni, je tire régulièrement le mauvais bout ce qui aboutit à un nœud qui se resserre de plus en plus en raison de mon entêtement rageur.


« Comme sur des roulettes », voilà une expression bien éloignée de la réalité. Qui n’a pas vécu le caddie ou la valise qui, délibérément, prennent la tangente, qui zigzaguent, alors qu’on s’évertue à les remettre sur le bon chemin.


Dans mon infortune bricoleuse, je ne rencontre que des pas de vis vicieux. Qu’il s’agisse des bouchons des tubes, des valves des vélos, je foire tout. Je vous laisse imaginer mon désespoir face aux kits à assembler …

Et pourquoi mes clous penchent toujours la tête quand je leur tape dessus ?


Autre déplaisir coupable : l’ouverture de barquettes. Ouverture facile qu’ils disent. Armé d’ongles suffisamment longs et acérés, faire le tour du produit en cherchant la languette. La tirer avec délicatesse et progressivité. En général, 2 situations se présentent alors : si la pression est trop brutale, le film de plastique se déchire, si la pression est trop faible ce dernier résiste et il faut alors recourir aux objets dangereusement pointus pour le percer.


Le malaise est comparable s’agissant de l’ouverture des boites de médicaments (désormais scellées par du scotch) ou des boites de conserves (là aussi le tirage de languette est tout un art, avec un risque non négligeable de blessure ou d’épandage non contrôlé d’un tiers du récipient).


Que dire de ces flacons de savon, de shampooing, dont on ne sait s’il faut tourner le bouchon, appuyer, soulever jusqu’à ce qu’il advienne une éjaculation inattendue.


Ne me parlez pas des boites de mouchoirs en papier ou des rouleaux de PQ dont je suis obligé de saccager une quantité invraisemblable de feuillets avant d’en extraire quelque chose d’utilisable.



« Je l’ai prise par devant, par derrière, je l’ai retournée dans tous les sens. Elle résistait. Je transpirais, mon cœur battait à 100 à l’heure. Enfin j’ai réussi à la rentrer. Je suis exténué ». Qui n’a pas vécu cette ténébreuse aventure en manipulant la housse de couette ! À quoi pensiez-vous ?


Qui ne s’est pas emmêlé les pieds dans un tuyau d’arrosage soit disant flexible et extensible, mais, surtout, croisant, à qui mieux mieux, ses torsades afin de limiter son extension et mieux vous empêtrer? Il peut aussi se plier soudainement, coupant ainsi le flux puis s’improvisant jet giratoire quand la pression d’eau jaillit.


Parlez-moi des télécommandes universelles, communément appelées zapettes. Elles disposent d’une infinité de boutons utiles pour 1% des utilisateurs et néfastes pour la majorité. Régulièrement, j’actionne le mauvais bouton et je reste pantois devant le résultat et dans l’incapacité de faire marche arrière.


Les fermetures à glissière permettent de clore aisément vêtements, valises … Mal nommées, fermetures «éclair» car solidariser les deux parties se révèle parfois long et c’est après avoir réussi, tirant d’un geste vif, que l’on accroche un fil, un pli de tissu ! Nous voilà coincés !


Ceci ne représente qu’un faible échantillonnage de la dangerosité de ces choses-objets. Vous avez, à n’en pas douter, d’innombrables expériences malencontreuses ?

Et, wokisme ambiant, je fais l’impasse sur la femme-objet !



Je nous souhaite, en 2023, une franche réconciliation avec toutes ces choses –objets qui ont réussi à se rendre indispensables mais nous entortillent la vie.


En ce début d’année, « Les instants du temps » vous souhaitent plein de bonnes choses pour 2023 et, suivant Mireille Mathieu, vous invitent à la bonne année.




Inscrivez-vous pour être informé du dernier post.


Partagez sans modération.


Enrichissez ce billet avec vos commentaires.


(voir ci-dessous).

15 vues2 commentaires

Posts récents

Voir tout

2 Comments


docdico
Mar 23, 2023

Madame quel est votre mot

Et sur le mot et sur la chose

On vous a dit souvent le mot

On vous a fait souvent la chose

Ainsi de la chose et du mot

Vous pouvez dire quelque chose

Et je gagerais que le mot

Vous plaît beaucoup moins que la chose

Pour moi voici quel est mon mot

Et sur le mot et sur la chose

J'avouerai que j'aime le mot

J'avouerai que j'aime la chose

Mais c'est la chose avec le mot

Mais c'est le mot avec la chose

Autrement la chose et le mot

A mes yeux seraient peu de chose

Je crois même en faveur du mot

Pouvoir ajouter quelque chose

Une chose qui donne au…


Like

berthejean
Mar 19, 2023

Merci à l’auteur pour cet article ! Je me sens tellement proche de lui quand je pense à toutes ces choses qui nous emmerdent, les lacets, les flacons de savons, les ordinateurs… Le liste est longue je crois. Infinie peut-être ?

L'ingénieur aérospatial américain Edward A. Murphy connaissait bien la chose. Il énonçait :

Anything that can go wrong, will go wrong.

Ce que l’on peut traduire par:

S’il est possible qu’une chose aille mal, alors elle ira mal.

En bons Français, partisans de Cambronne et ses bons mots, nous avons appelé cette loi :

Loi de l’emmerdement maximum.

Loi que tout le monde connait, je crois. Elle est vraie, elle se vérifie tous les jours. C’est implacable.


Du coup,…


Like
Post: Blog2_Post
bottom of page