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Photo du rédacteurLes instants du temps

Le dernier mot






On pense, immédiatement, à ces derniers mots, plus ou moins avérés, que l’on prête à certains grands personnages, jeux d’esprit jusqu’au dernier souffle.

Je vous en cite quelques-uns :

"J'ai offensé Dieu et l'humanité, car mon travail n'a pas atteint une qualité acceptable." Léonard de Vinci.

"Un dernier verre, s'il vous plaît." Jack Daniel.

"Vous ne m'avez pas cru ? Vous m'aurez cuite." Jeanne d'Arc.

"Ne pleurez pas pour moi, je vais là où la musique est née." Jean-Sébastien Bach.

"Les derniers mots sont pour les imbéciles qui n'en ont pas dit assez durant leur vie." Karl Marx.

« Je désire aller en enfer et pas au ciel. J’y apprécierai la compagnie des papes, des princes et des rois, alors qu’au ciel ne s’y trouvent que les mendiants, les moines et les apôtres. » Machiavel.

« Ne me parlez plus, votre mauvais style me dégoûte ! » Malherbe interrompant son confesseur.

« Je m’en vais ou je m’en va… L’un et l’autre se dit ou se disent. » le grammairien Vaugelas.

« Je lègue tous mes biens à mon épouse, à condition qu’elle se remarie. Ainsi, il y aura tout de même un homme qui regrettera ma mort. » Scarron.

« Je m’arrêterais de mourir, s’il me venait un bon mot ou une bonne idée. » Voltaire.

« Pardonnez-moi, monsieur. Je ne l'ai pas fait exprès. » Marie Antoinette au bourreau dont elle venait de marcher sur le pied.

« Huit jours avec de la fièvre ! J’aurais encore eu le temps d’écrire un livre. » Honoré de Balzac.

« Je meurs vraiment au-dessus de mes moyens ». Oscar Wilde.

Il semblerait, également, que ces derniers instants suscitent une curiosité quelque peu morbide. Ainsi, le département de la Justice du Texas rend accessibles à tous, sur son site web, toutes les informations concernant les prisonniers exécutés dans cet État après une condamnation à mort et notamment les derniers mots qu'ils ont écrits et/ou prononcés avant l'injection létale.

Avez-vous envie de prendre connaissance de ces épitaphes des temps modernes, Libération et Le Monde en diffuse quelques-unes.



Dans un autre registre, ce dernier mot est, aussi, celui qui met fin à une évolution, une négociation, des hésitations.

Jean Pierre Foucault assénait systématiquement «c’est votre dernier mot ?» aux candidats du jeu «Qui veut gagner des millions ».

A remarquer que le dernier mot dans une affaire commerciale est toujours un chiffre. Il en va de même avec les débats parlementaires ponctués par un 49-3 terminal.

Le dernier mot peut également signifier une décision inébranlable et sur laquelle on ne revient pas. Parfois agrémenté d’un « point barre ».



Mais, je souhaite, surtout, m’appesantir sur ces discussions qui se terminent en combat oratoire au cours duquel chacun veut avoir le dernier mot.


Scène de la vie ordinaire, vécue récemment.


A la table voisine, un couple, apparemment le mari et son épouse, est assis et sirote un café. Un homme debout, de haute stature –que nous appellerons l’individu- les domine de son éloquente rotondité abdominale. Manifestement il leur délivre des messages démontrant son indéniable compétence. Le couple –surtout le mari– semble manifester quelques désaccords qui n’ont pour seul effet que d’augmenter le volume sonore de la discussion. L’individu amplifie ses gestes oratoires et assène quelques arguments incontournables. Le mari, soucieux de maintenir son statut auprès de son épouse, brandit ses divergences. Voilà déjà quinze minutes que le match se déroule.


En désespoir de cause et afin de clore le pugilat verbal, le mari semble finalement acquiescer. Erreur fatale. La défaite en rase campagne n’assèche pas la logorrhée de l’individu fort de son triomphe. Il confirme ses prises de position, il en rajoute, rajoute, s’épanouit dans son succès


La femme essaie une autre piste : changer de sujet. Peine perdue, notre individu est omni-compétent. Il a des avis tranchés sur tout.

Les épaules du couple s’affaissent. Ils ont les yeux baissés vers leurs tasses vides. Ils ont compris qu’ils n’auront pas le dernier mot. Il ne leur reste plus qu’à laisser dire, attendre que çà passe, qu’une intervention divine extérieure les délivre …



Tout le monde s’est trouvé, un jour ou l’autre, embarqué dans ce genre d’échange stérile, de pugilat verbal. Nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir absolument raison disait Albert Camus.


J’ai rencontré ce couple malchanceux le lendemain. Le mari m’a raconté la scène de la veille, puis, la femme l’a raconté à sa façon et le mari a surenchéri… j’ai trouvé un prétexte pour arrêter l’escalade vers le dernier mot.


D’aucuns imaginent que c’est le dernier qui a parlé qui a raison. Ils s’obstinent, persistent même quand l’objet de la discussion n’est qu’une broutille. La vérité importe peu, tant le rapport de force prend le dessus entre les deux protagonistes. Il devient alors difficile de faire valoir sa propre opinion et c’est trop souvent celui qui en impose le plus, qui parle le plus fort qui aura le dernier mot.

Arthur Schopenhauer dans « l’art d’avoir toujours raison » estime que « La vanité innée, ne souffre pas que notre position soit fausse et celle de l’adversaire correcte. Elle est souvent accompagnée par la loquacité et une mauvaise foi innée ».


Comment se comporter face à l’histrionisme, face à une personne qui ne lâche pas le morceau et qui veut absolument avoir le dernier mot.

Ne jamais relancer, même si vos arguments font mouche, le protagoniste déviera vers un angle différent. La seule solution : Se taire, marquer sa lassitude et son désintérêt. Lâcher prise, faire la distinction entre les échanges qui présentent un réel enjeu et ceux qui sont de peu d’importance. Certes, son ego en prend un coup, mais, on le consolera en se rappelant les propos de plusieurs psychanalystes , psychiatres et autres psychologues à l’égard de cette attitude :

- Derrière l’adulte que l’on perçoit comme simplement arrogant, il y a un enfant blessé à entendre.

- Cette attitude est souvent le fait de personnes qui n’ont pas pu, petites, exprimer ce qu’elles souhaitaient.

- Mettre le point final est une manière de cacher le peu de valeur que l’on s’accorde.

- Ce qui apparaît comme un complexe de supériorité cache en réalité un complexe d’infériorité, Il s’agit de ne pas dévoiler ses failles et ses doutes de peur de ne plus être aimé par l’autre. Cela implique de donner sans cesse le change en ne montrant, en public, que ses certitudes.

- Cette attitude serait plutôt une réaction à une faiblesse intérieure.


Ouf, la frustration s’éloigne et l’égo se requinque.


Quand d‘aucuns déversent à vos oreilles un verbiage incessant, quand le monologue n’en finit pas et ne vaut que par le flux continu qui soulage celui qui parle, être taiseux se révèle bien utile et de bonne stratégie. D’ailleurs, Mathieu Ricard estime que « le silence est la langue de l’avenir » (Trois amis en quête de sagesse Allary Éditions).


Par souci de prudence domestique, je ne vais pas me hasarder sur le terrain miné de la discussion à l’intérieur du couple. Je reprendrai seulement les propos d’un ami qui me disait «dans mon couple, j’ai toujours le dernier mot et, c’est…oui ».



Si Nolwenn Leroy nous chante le dernier mot, je laisse, bien volontiers, celui-ci aux commentaires que j’espère nombreux.


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(voir ci-dessous).



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18 Comments


janinemeurin
Oct 20, 2023

Je partage ce message à méditer ...



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janinemeurin
Oct 05, 2023

Raymond DEVOS a toujours le dernier mot, avec raison !

On ne sait jamais qui a raison ou qui a tort. C'est difficile de juger. Moi, j'ai longtemps donné raison à tout le monde. Jusqu'au jour où je me suis aperçu que la plupart des gens à qui je donnais raison avaient tort ! Donc, j'avais raison ! Par conséquent, j'avais tort ! Tort de donner raison à des gens qui avaient le tort de croire qu'ils avaient raison. C'est-à-dire que moi qui n'avais pas tort, je n'avais aucune raison de ne pas donner tort à des gens qui prétendaient avoir raison, alors qu'ils avaient tort ! J'ai raison, non ? Puisqu'ils avaient tort ! Et sans raison, encore !…

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janinemeurin
Aug 05, 2023

Et si le dernier mot était "un bon mot" ?

Au milieu d'un dîner bien arrosé, un invité assommant se vante auprès de Marcel Aymé :

- Moi, Monsieur, je me suis fait tout seul !

Et Marcel Aymé de rétorquer :

- Ah, Monsieur, vous déchargez Dieu d'une bien grande responsabilité.

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cceidfo
Jul 31, 2023

Belle découverte que ce blog ; des billets plaisants, des commentaires intelligents ; lecture rapide, quelques minutes apaisantes ! merci à l'auteur et aux participants.

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janinemeurin
Jul 30, 2023

Une fabulette que n'aurait pas reniée La Fontaine


Un âne dit au tigre :

- L'herbe est bleue.

Le tigre rétorque :

- Non, l'herbe est verte.

La dispute s'envenime et tous deux décident de la soumettre à l'arbitrage du lion, "le roi" de la jungle. Bien avant d'atteindre la clairière où le lion se reposait, l’âne se met à crier :

- Votre Altesse, n'est-ce pas que l'herbe est bleue ?

Le lion lui répond :

- Effectivement, l'herbe est bleue.

L’âne se précipite et insiste :

- Le tigre n'est pas d'accord avec moi, il me contredit et cela m'ennuie. S'il vous plaît, punissez-le !

Le lion déclare alors :

- Le tigre sera puni de 5 ans…


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