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  • Photo du rédacteurLes instants du temps

Le chaos des mots



Thérapie préventive pour période pré-confinementale ou/et complotisante.


L’hypertrophie de la langue, la surabondance des mots, anciens, désuets, classiques, nouveaux, affaiblis, déformés, ésotériques, grands ou gros, abstraits, , baragouinés, à double-sens, masqués, tronqués…ne nous permettent pas toujours de comprendre l’expression de la pensée d’autrui.

C’est que celle-ci, ou la nôtre, est peut-être confuse.


« Mettre de l’ordre dans les mots

c’est mettre de l’ordre dans notre pensée ».


Premier conseil, notamment à usage de l’écoute des discoureurs :

Se méfier des mots de pacotille, des mots vides. Nous sommes trop accoutumés à la manipulation de langage, aux consolants oxymores, aux expressions en tenue de camouflage formulées à défaut de ne pas pouvoir changer les choses.


Exemple de langue de bois, d’utilisation courante en politique ou en économie, exploitant les artifices les plus éculés, utilisable sans parcimonie en tous sens :

« Il n’est pas impossible d’imaginer qu’une agriculture raisonnée associée à un investissement responsable et solidaire, distribuée dans le commerce équitable, circulaire et de proximité, pour autant que la société acceptera la sobriété choisie, ne nous permette pas un développement durable. Dans le même temps, une discrimination positive pourra entraîner une baisse de l’augmentation du chômage. Enfin, par ces temps de péril sanitaire, la contribution à la mortalité ne doit pas nous éloigner de l’objectif à terme d’une apocalypse maîtrisée… »


Le philosophe ou le sociologue pourra ajouter les différentes significations du terme « apocalypse » ainsi que quelques citations authentifiant la vérité de ce verbiage discursif.


Deuxième conseil, à l’opposé du précédent: Ne pas subir l’avalanche de mots savants, prétendument précis et techniques pour donner une apparence de consistance à une virtuelle réalité.


Voici un texte établi à partir des mots « clairs et limpides », subtilisés ces derniers jours, à nos arpenteurs des plateaux de télévision. Les arguments employés devraient augmenter votre littératie en santé.


« Etant depuis toujours cybercondriaque je ne lâche plus internet. C’est ainsi que, récemment, j’ai découvert que je souffrais de solastalgie. Je pressentais, depuis un certain temps que santés humaine et environnementale étaient intimement liées. Pourtant je n’imaginais pas que la criticité était aussi importante en termes de sécurité sanitaire. Le petit manuel de collapsologie de Raphaël Stevens aurait pourtant dû m’alerter. En fait, il convient de changer de paradigme, de considérer que les sociétés actuelles sont bloquées et ne devront leur salut qu’au moyen de solutions disruptives. J’ai cherché ces solutions dans tous les médias, malheureusement, il faut reconnaître que c’est l’ultracrepidarianisme qui y règne en maître. En matière sanitaire, on ne peut plus espérer qu’en la sérendipité pour une solution salvatrice. En matière sociale, j’espère plus en la bienveillance universelle qu’en la sororité ambiante …etc… je m’arrête là en pleine hypocognition».


Ces mots pédants, prétentieux n’existent pas pour la compréhension mais pour l’unique exaltation du savoir de leur auteur.


Ils peuvent, cependant, avoir une vertu imprévue : entre 2 Netflix, feuilleter le dico, « Dico, dico par ci, dico, dico par là »…pourra, possiblement, être une occupation familiale pendant le prochain confinement, et, c’est avec une certaine alacrité que, dans cet objectif, je vous propose quelques autres accumulations linguistiques pouvant se révéler utiles.




Vous souvenez-vous qu’une conjugaison du passé simple avait martyrisé le jeune Mathis et perturbé la raison de son père lors du confinement du printemps ? A l’occasion de ce post, un commentaire estimait que le passé simple n’était pas si simple…mais qu’il pouvait être drôle.

« Lorsque nous nous vîmes, nous nous plûmes,

Mais quand vous me parlâtes, vous m’épatâtes ! »


Pour prolonger cette dynamique, on trouvera, ci-après, quelques plaisants exemples de l’emploi du passé simple, que vous connaissez peut-être, car glanés, entre autres, sur les réseaux asociaux :


- Non ! Ce n'’était pas chose évidente que cette conversation toute en langue morte. Et pourtant je la tins.

- Hier, nous achetâmes le DVD d’un spectacle de Félicien Marceau et, tout de suite, nous le mîmes.

- Comment ? Vous avez mis à la casse votre vieille Volkswagen ? C'est bien dommage ! Tiens ! Vous souvient-il qu'un jour vous me la passâtes ?

- Bien que vous ayez laissé passer votre chance de cesser d'être une prostituée, un jour, vous le pûtes.

- Merlin n’était qu'un simple mortel jusqu'à ce qu'enchanteur il devint.

- Vous saviez que ce manteau était tout pelé ... alors pourquoi le mîtes-vous pour la réception d'hier soir ?

- C’est dans ce tonneau que notre vieux vin fût.

- On nous offrit une augmentation et, bien-sûr, nous la prîmes.

- Les moines brassèrent la bière et la burent.

- C’est bien parce que vous m'avez invité à goûter votre Beaujolais que je vins.

- Charlotte Corday cacha le poignard en son sein, sortit de chez sa logeuse et, soudain, à l’idée du crime qu'elle allait perpétrer, elle se marra.

- Que la crevette était un insecte, vous le crûtes assez.

- C’est à cause du trou que cet enfant fit en bas de leur porte, que ses parents le châtièrent.

- Heureusement que vous avez retrouvé des capitaux ! car mettre la clé sous la porte et déposer le bilan, vous faillîtes !


Le passé simple étant éventuellement maîtrisé si le confinement est suffisamment long, quelques mots homophone, homographes, homonymes ou encore paronymes peuvent procurer à Mathis, quelques délices phonétiques et orthographiques.




Enfin pour que les devoirs de résilience soient complets, et pour encourager Mathis, son père a, d’abord, lancé quelques apophtegmes, peut-être sont-ce des aphorismes, ou adages ou simples jeux de mots ?


Les moulins, c’étaient mieux avant

Si le ski alpin…qui a le beurre et la confiture ?

je m’acier ou je métal ? que fer ?

Si Gibraltar est un détroit, qui sont les deux autres ?

Faut-il une période décès pour être embauché aux Pompes Funèbres ?


Et,Et, il a brillamment conclu en approchant l’oulipo et la versification holorime.




Galop d’essai :

Ma femme, m’affame.

Plus débridé :

Le plaisir des culs plaît,

Le plaisir décuplé.



Ultime et quasiment poétique, un vrai « roucoulement de la glotte »:


« Étonnamment monotone et lasse Est ton âme en mon automne, hélas !

Dans ces bois automnaux, graves et romantiques, Danse et bois aux tonneaux, graves et rhums antiques.


Aux dernières nouvelles Mathias et son père étaient courtisés par tous les psychiatres de l’espace Schengen !


Paralipomènes :

- Jacques Prévert, Louise de Vilmorin et Marc Hillmann ont largement participé aux poèmes holorimes.

- Ayant poussé à l’extrême l’extravagance du vocabulaire, je ne suis pas assuré de leur juste emploi. Je suis preneur des éventuels ajustements qui s’imposeraient.

- Je prie les lecteurs non-voyants de me pardonner car la seule lecture orale peut laisser perplexe.

- La langue française est plurielle, pleine de pépites de trésors anciens et d’innovations mais aussi de pièges, de chausse-trapes qui font le bonheur des « sado-maso » de la dictée.

- Je confirme, en définitive, que:

« Ce que l'on conçoit bien s’énonce clairement,

Et les mots pour le dire arrivent aisément.» !!!!!!


Conclusion avec les canadiens, défenseurs acharnés de la langue française




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(voir ci-dessous).


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1 Comment


docdico
Mar 19, 2023

Merci pour cet article réjouissant ! Il est des chaos qui aident à vivre.


J’avoue. J’ai dû prendre mon bon vieux Larousse plusieurs fois.


J’ai appelé Mathis et lui ai demandé de lire cet article. Je voulais voir sa réaction. Quand je lui dis qu’on y parlait de lui, il accepta de quitter sa console de jeux. Il commença sa lecture. De suite il me dit :

- Ah bon ? On peut mettre des mots KO ? J’comprends pas !


Nous n’étions pas sortis de l’auberge. Je tentai une explication.

- Le chaos, ‘C’ ‘H’ ‘A’ ‘O’ ‘S’, est un grand désordre, une confusion générale….


Prouvant alors son sens inné de la répartie, Mathis affirma :

- B…


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