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  • Photo du rédacteurLes instants du temps

La revanche des camélias


Lors de l’une de mes randonnées, en liberté conditionnelle, dans …mon jardin, je suis tombé en arrêt devant mes camélias.

C’est qu’ils me regardaient de haut les salopiaux. Ils n’ont jamais été aussi beaux, vigoureux, épanouis. Ils restent totalement indifférents à la situation, à ma situation d’humain confit Je me suis senti rabougri, insignifiant, éteint à côté de leur flamboyance.

Ils n’ont pas toujours fait le malin. Eux aussi ont connu la maladie, l’épidémie ; et qui les a entretenus, sauvés des multiples parasites?.

J'avais, alors, saupoudré, pulvérisé toutes sortes de produits phytosanitaires, apporté les engrais censés leur convenir, arrosé, ne pas trop arroser, supprimé toute feuille jaunissante, combattu sans répit chlorose et fumagine…

Et, en retour, alors que les circonstances viennent de s’inverser; rien même pas une flétrissure compatissante, bienfaisante, compréhensive.

Ils me toisent, arrogants, insensibles au coronavirus.

J’aurais peut-être ma revanche cet été quand pulluleront les pucerons

et que la chaleur desséchera les sols (pas de paillage et pénurie d’eau !).

Contrarié, revanchard, aussitôt revenu dans mon espace de confinement, j’ai mené mon enquête et trouvé que le camélia, aussi hautain soit-il, ne se trouve pas toujours à son avantage.

Alphonsine Plessis dite Marie Duplessis qui a servi de modèle à l’héroïne de la Dame aux Camélias s’épanouissait, en 1844, selon Alexandre Dumas dans toute son opulence et sa beauté. Mais elle mourait, 3 ans plus tard, à l’âge de 23 ans. De quoi mourut-elle ?d’une maladie de poitrine…tiens…tiens.

Gustave Flaubert dans l’Education Sentimentale évoque :

«des femmes passent avec une mollesse dans les yeux et ce teint de camélia que donne aux chairs féminines la lassitude des grandes chaleurs "

Et Muriel Barbery enchaîne dans son émouvant ouvrage l’Elégance du Hérisson :

« A quoi sert l'Art ? A nous donner la brève mais fulgurante illusion du camélia »

Et encore :

"Je me mets à pleurer, doucement, lentement, avec dans le coeur un camélia frémissant"


Tous ces propos autour du camélia ne sont pas très gai (maladie de poitrine, lassitude, mollesse, pleurs, ennui, illusion…) ; pas de quoi fanfaronner et d’autres signes inquiétants devraient nous alerter:

- D’où vient cet arbrisseau en fleurs ? Asie orientale. Ben voyons. Ce n’est plus la route de la soie mais du chacun pour soi.

- Le prénom Camélia (d’origine italienne ! ) est bien peu attribué.

En 2018 le prénom Camélia occupe le rang n°163 du top des prénoms de filles et le rang n°336 du classement des prénoms les plus donnés en France. Je conviens que cette digression n’a pas grand intérêt dans ce papier et que Voilà une statistique aussi passionnante que celles utilisées par les commentateurs de foot : « machin a marqué à la 8° minute, il faut remonter à la saison 2010 pour retrouver un but identique, sachant qu’il devient le 5° buteur à réussir cette performance parmi tous les championnats européens et que l’équipe qui marque à la 8° minute a 63 chances sur 100 de gagner le match… ». Passionnant comme info, non ?

Si on n’a rien d’intéressant à dire (ou à écrire !) sortons les statistiques.

Revenons à Camélia.

- Existe-t-il des Camélias célèbres ? Très peu, au-delà de leur famille ou de leurs fans inconditionnels:

Camélia Montassere (réalisatrice et écrivaine)

Camelia Sadouki (Beaux -arts)

Camélia Jordana (chanteuse)

Voilà de quoi rabattre le caquet de ces arbustes arrogants.

A la vérité je dois reconnaître que l’abattement général lié à cette funeste période décuple ma mauvaise foi.

Je dois admettre que la route des camélias en Galice, les camélias du Parc botanique de haute Bretagne et du Jardin des plantes de Nantes, la fête des camélias du lac Majeur, valent le détour.

Morale de cette histoire : J’ai compris le message. Je vais chérir dans le monde d’après, mes camélias domestiques, ainsi que les autres plantes de mon jardin, de la nature en général. Finis les pesticides et vive le purin d’orties. Je vais m’inspirer du livre de Ernest Callenbach : Ecotopia (une façon de repenser le monde et, notamment, le rapport entre l’homme et la Nature – livre que je viens de découvrir grâce à la Culture qui s’invite au domicile ces temps-ci).

On peut estimer que l’humanité aura compris l’alerte salutaire, l’exigence de sauver la planète, de soutenir le développement durable, de re-situer la place de l’homme dans la nature, ne se préoccupera plus que de biodiversité et agira, désormais, en conséquence et pleine conscience.

Quoique !

Tout finissant en chansons, Camélia Jordana à découvrir :

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4 Comments


berthejean
Apr 11, 2020

Marcel, j'ai des sources d'informations qui me font penser que tu as été réquisitionné. Ma tentative de défense a donc été vaine. As-tu au moins mis de côté les pissenlits pour en faire une salade?

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berthejean
Apr 09, 2020

Pauvre Marcel. Non mais! Les prétendues mauvaises herbes font parfois de fort jolies fleurs. Et puis, a-t'on le droit de détruire une mauvaise herbe? Pourquoi une graminée serait plus mauvaise qu'un camélia? A mon humble avis de non expert, l'humain n'a le droit de cueillir les prétendues mauvaises herbes que pour les manger. Et qui sait, en faire un médicament? Devinez contre quoi...

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janinemeurin
Apr 09, 2020

Autorisation de sortie = elle doit être motivée ; le tour du jardin ne peut, en aucun cas, être considérée comme une sortie sportive. À propos de sport, il y a, dans la serre, un vélo qui attend... Ce billet traduit une flânerie, le nez en l'air.

La prochaine autorisation de sortie aura pour motif "remplir un seau de mauvaises herbes".

Ah mais !

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berthejean
Apr 08, 2020

Ce matin, nous parlions avec une amie au téléphone. Bien sûr la conversation tournait autour du confinement et de nos occupations. Elle dit:

"J'ai de la chance j'ai une belle vue sur un joli parc. Avant je comptais les arbres. Maintenant je compte les feuilles..."

Histoire vraie.

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