La guerre invisible

« Nous sommes en guerre » a dit le Président ; répété six fois. Quelle guerre ? Dieu merci, je n’ai pas connu la guerre, l’autre guerre, celle bien Physique, entre peuples identifiés, avec corps à corps. Puis, il y eut la guerre électronique, virtuelle, les tueries à distance par engins de plus en plus sophistiqués. Voici, maintenant, la guerre contre un ennemi invisible, pernicieux, une attaque contre tous les peuples, une guerre systémique.

Quelle est la situation, mon général ? Les rues sont quasiment vides ; devant chez moi, passe une voiture par minute au maximum dans les heures de pointe alors que tout est bouché d’ordinaire. Les flashes radio concernant la circulation s’inquiètent : 5 kms d’engorgement à l’approche de Paris contre 300 kms d’habitude. Pas normal. Tension trop faible. Bison Futé peut rentrer dans son tipi. La plupart des établissements sont fermés. Calfeutrage chez soi. Hormis quelques inconscients les rares piétons me semblent marcher plus vite pour limiter le temps d’exposition au risque. Tout est calme, trop calme, un silence inquiétant dans les villes. A quand les sirènes et le tocsin. La circonstance me donne à penser, en effet, à ce qu’a dû être l’atmosphère en état de guerre. Une espèce de vie entre parenthèses une angoisse sourde au fond des tripes. Reprenant le titre du film « S’ils ne mouraient pas tous, tous étaient frappés », chacun peut, effectivement, se demander s’il va « y passer ».

Toutes proportions gardées, certaines analogies existent entre ce que nous vivons et l’existence en temps de guerre telle que décrite par la filmologie historique. - La déclaration de guerre officiellement et dramatiquement annoncée par le Président de la République. - L’exode qui s’en est suivi. - Les maisons comme des bases-arrières dans lesquelles on souffle, on récupère, on vit modérément. - Des éclaireurs envoyés affronter l’éventuel ennemi planqué dans les boulangeries, les supermarchés les voies de circulation. - L’obligation du sauf-conduit. - L’armement obligatoire : gel, masque ou foulard. - L’entraînement obligatoire : prendre ses distances, se laver les mains. - Un hôpital de campagne. - Les premières mesures de rationnement en PQ ou paracétamol - Les mots employés : état d’urgence, black out. - Un titre de quotidien évoque la Résistance dans les campagnes. - Information, propagande, complot, manipulation ? Bas les masques, pourrait-on dire, mais l’humour ne se prête pas à la circonstance. Je viens de découvrir une video dans laquelle un personnage démontre que tout cela est un complot pour faire battre Trump aux élections. Si l’objectif est compréhensible, la raison et les moyens pour y parvenir ne m’apparaissent pas clairement ! quant aux autres élites au pouvoir, elles profiteraient de la situation pour installer des lois liberticides et préparer un profit encore plus considérable pour le grand capital, les super grandes entreprises, sans doute les GAFA ou/et l’industrie pharmaceutique. Si, dans cette video, l’adjonction de certains faits étranges peut donner une impression désagréable de vérité révélée, il est difficile de comprendre à qui profite le crime. Et ces récits dénonçant la manipulation mondiale et réclamant déjà des comptes se multiplient. Dangereux. Comme cela devait être compliqué de se faire une opinion sous la propagande nazie.

Bon, essayons de garder raison. Notre seul combat consiste à rester chez soi, éventuellement en pyjama et passer du lit au canapé. Il y a pire.

Quand même, situation anxiogène, sensation bizarre,! Restons dans les abris.