Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup Il enrichit ceux qui le reçoivent Sans appauvrir ceux qui le donnent. Il ne dure qu’un instant Mais son souvenir est parfois éternel. Personne n’est assez riche pour s’en passer Personne n’est assez pauvre pour ne pas le mériter.
Il créé le bonheur au foyer, soutient les affaires, II est le signe sensible de l’amitié. Un sourire donne du repos à l’être fatigué, Rend du courage aux plus découragés. Il ne peut ni s’acheter, ni se prêter, ni se voler Car c’est une chose qui n’a de valeur Qu’à partir du moment où il se donne.
Et si quelquefois vous rencontrez une personne Qui ne sait plus avoir le sourire, Soyez généreux, donnez-lui le vôtre. Car nul n’a autant besoin d’un sourire, Que celui qui ne peut en donner aux autres.
« Le livre d’amour », Raoul Follereau, 1920.
Enfin démasqué, le sourire a pu réapparaître.
Pas si facile ! Pas toujours naturel !
Au Japon, après le Covid 19, certains habitants, qui n'avaient plus l'habitude de vivre à visage découvert, ont choisi de suivre des cours pour réapprendre à sourire et travailler leurs expressions faciales.
Pour sourire de façon naturelle, il y a contraction volontaire et involontaire de deux muscles : le grand zygomatique et le muscle orbiculaire de l’œil. L’un soulève les coins de la bouche, alors que l’autre se situe autour des yeux.
Attention, le sourire forcé n’emploie que les muscles de la bouche, parce que nous ne sommes pas en mesure de contracter de façon volontaire le muscle orbiculaire de l’œil.
Ce qui, pourtant, n’empêche pas la pratique du rehaussement des coins de la bouche appelée "smile lipt" (contraction de "lift" et de "lip", la lèvre). Une clinique de chirurgie esthétique la propose en Corée du Sud. Son fondateur, le docteur Kwon Taek Keun, explique que "les coins de la bouche sont rapidement rehaussés après l'opération". Si le résultat est "encore plus remarquable" quand le patient sourit, sa bouche esquisse cependant une sorte de rictus permanent, alors même que son visage est impassible. Cela ne vous rappelle-t-il pas Joker ?
Plus prosaïquement, on peut s’entraîner au « Cheeeese ».
Cette astuce pour un sourire éclatant date des années 1925 avec kodak , Leica et son appareil portatif provoquant l’avènement de la photographie facile. L'essor du cinéma, de la consommation de masse et de la publicité vont contribuer à fabriquer cette nouvelle norme du sourire idéal.
Jusqu’à cette époque le sourire existait peu dans la représentation artistique et se faisait rare dans la galerie du portrait.
En parcourant le musée du sourire, on pourra découvrir :
- Le premier sourire, celui de l'Intendant de Mari (- 2400 avant JC),
- celui du Cavalier Rampin (-550 av JC),
- celui du sarcophage des Epoux étrusques
- celui de Bouddha
- et parmi les plus beaux sourires, ceux lumineux et solennels des sculptures d'Angkor au Cambodge, du II au IXe siècle.
A partir du Vème après JC, l’art chrétien se détourne du sourire, lequel ne réapparaîtra dans l’art gothique qu’au… XIIIème siècle ! Les portails des cathédrales s’ornent alors d’anges souriants, côtoyant parfois des humains aux sourires séducteurs et trompeurs. Cette méfiance de l’église à l’égard du sourire va conditionner l’art des siècles à venir.
En Occident, le sourire a été très long à apparaître dans l'art. Il faut attendre l'ange sur le portail nord de la façade de la cathédrale de Reims (vers 1236) ou l'ange de l'Annonciation de Jan van Eyck (vers 1434) pour que ces premiers sourires timides ouvrent progressivement la voie aux maîtres qui en maîtriseront le trait subtil : Léonard de Vinci, (voir sa représentation sur l’escalier Denis papin à Blois) Le Caravage, Franz Hals...
La mauvaise hygiène dentaire le supprimera de tous les visages du 17° siècle jusqu’à ca que la peintre Elisabeth Vigée Le Brun, créera ce que l’on appellera le sourire moderne. Son autoportrait est le premier vrai sourire représenté de l'art occidental où les dents sont apparentes, ce qui sera jugé scandaleux, transgressant les conventions sociales de son temps, qui demandent une maîtrise de son corps, l'art n'en étant que le reflet.
Plus récemment, si l’'on regarde les photos de nos ancêtres, une chose nous frappe : ils font tous un peu la gueule. Difficile de trouver le début d'un smile sur les premiers portraits du XIXe siècle.
En cause, le temps de pause très long (environ 15 minutes) des modèles devant l'objectif – ce qui n'invitait pas à la spontanéité. Par ailleurs, les conventions sociales restent très marquées. Le pater familias n'affiche ainsi aucun rictus bonhomme : il est dans la gravité de son rôle social.
Les femmes ne sourient pas non plus. Il est à l'époque tout à fait inconvenant pour une dame de montrer ses quenottes. Pour la société britannique victorienne, très conservatrice, ouvrir la bouche avait même quelque chose de sexuel. Shocking !
Le basculement vers le numérique, dans les années 2000, signe la fin de l'image unique. Il va offrir la possibilité de choisir son meilleur sourire parmi les dizaines d'images shootées. Désormais, avec la multiplication de nos représentations et leur diffusion exponentielle via les réseaux sociaux, le sourire est devenu le masque numérique de nos visages.
Dans les années 2010, une étude menée par l'Université de Berkeley, en Californie, a compilé informatiquement 38 .000 portraits issus de près de 1 000 albums de fin d'année pour analyser l'évolution du sourire des lycéens américains au XXe siècle. Le résultat est édifiant : la courbure des lèvres est passée de 0 à 10 degrés en moyenne en l'espace de cent ans.
Paradoxalement, ne pas sourire réapparaît au XXIe comme une distinction, en témoigne le top sérieux des top models lors des défilés ou le développement des moues boudeuses sur les photos personnelles, comme contrecoup à la banalité du sourire sur les clichés.
Donc, désormais, le masque abandonné, nous nous retrouvons en capacité de sourire, mais le monde se prête-t-il à cette disposition faciale ?
Catastrophes climatiques, bruits de bottes aux quatre coins du monde, crise sociale, démocratique, tumultes parlementaires, inflation …etc. Et, pourtant, en cherchant un peu, en contournant les titres partagés par tous les médias, au milieu de ce maelstrom décourageant existent des infos qui titillent nos zygomatiques. Sourire malgré tout.
Exemples du mois passé:
- Le Mans : Le record du monde de la plus grande marmite de rillettes a été battu.
- Plus de 2 000 Schtroumpfs réunis à Landerneau : record du monde loupé de peu.
- Plounévez-Lochrist (Finistère) : championnat du monde d’arrachage d’échalotes.
- Gard : Les gendarmes interpellent… un chameau sur un rond-point.
- Le musée Mauritshuis de La Hay revisite « La Jeune Fille à la perle » de Vermeer réalisé par l’intelligence artificielle. Il se dit que, désormais, seule une intelligence artificielle pourra contrôler et valider une peinture ou photo créée, ou non, par une intelligence artificielle !
- Les chèvres sont capables de distinguer différentes expressions humaines et elles préfèrent les visages souriants aux visages en colère.
- Motor-Mood-c'est son petit nom- n'est autre qu'un smiley lumineux qui sert à dire "merci" aux autres conducteurs. Cet accessoire adorable doit être accroché sur la fenêtre arrière de votre véhicule avec un adhésif.
- Une « machine à bisous » pour smartphones permet de s'embrasser à distance.
- Guerre des polices au sein du ministère des Affaires étrangères américain. Beaucoup refusent le remplacement du Times New Roman par le Calibri.
- Le fascinant spectacle des Murmuration d’étourneaux en Normandie ; ce lien est absolument à suivre.
- Depuis le 1 avril c’est la Russie qui préside le conseil de sécurité de l’ONU. Ce n’est pas un poisson d’avril !
Quel a été votre sourire à la lecture de cette rumeur du monde sympathique, insolite ou inquiétante, car de nombreuses nuances de sourires existent pour s'adapter à de très diverses situations sociales ou pour exprimer la large palette des émotions.
Le Dr Ekman a dénombré 18 types de sourires courants.
- le sourire rictus de politesse
- le sourire gêné (je ne connais personne)
- le sourire soulagé pincé (oups, on l’a échappé belle)
- le sourire épuisé (celui de bonheur après une longue course)
- le sourire sadique (il déborde notamment de jalousie)
- le sourire excédé (exprime notre agacement)
- le sourire endurant (il prend son mal en patience, c’est bientôt fini)
- le sourire diplomatique (un sourire de métier comme on dit)
- le ravissement extatique (la vie est belle et merveilleuse ; le ravi de la crèche)
- le sourire caricatural (imitation de la joie, un peu forcé)
- le sourire préoccupé (la situation est réellement embarrassante)
- le sourire méprisant (on est un peu méchant en cachette)
- le sourire ironique (bienvenue au sarcasme)
- le sourire simulé (pour cacher une émotion de faiblesse)
- le sourire ravi (devant un bébé)
- le sourire chaleureux (celui d’une mère pour encourager son enfant)
- le sourire méditatif (style Bouddha, rempli de compassion)
- le sourire amoureux (le plus communicatif)
Oserais-je ajouter le sourire kabyle !
Oserais-je prétendre, comme Victor Hugo, que le chien a son sourire dans la queue !
Qu’il soit simple, supérieur, associé au contact visuel, comprimé, oblong , commissural, cuspidé, complexe, qu’il évoque l'insolence, le dédain, l'ironie, la tendresse, la suffisance, la rêverie, la colère, l'amusement, ou encore la moquerie ou la timidité, il aura fallu deux années marquées par sa privation pour que l'on prenne conscience collectivement de l'importance du sourire dans nos vies.
«Susciter la naissance d'un vrai sourire sur les lèvres de quelqu'un qui vous fait face, c'est le portail qui s'ouvre», soulignait d'une formule l'écrivain Christian Bobin.
Le sourire se devine, il gagne les yeux, transforme le visage et nous introduit l’un à l’autre avec toute la subtilité… C’est le constat que fait le sociologue David Le Breton dans son livre « Sourire ».
Contrairement au rire qui est un comportement réflexe plus agressif, le sourire est un adoucisseur ou une invitation sociale. On le retrouve, ainsi, dans les rapports amicaux, bienveillants ou amoureux, ou encore dans la reconnaissance, la connivence.
« Sage le sourire est sensible, fou le rire est insensible » Alain
Un sourire peut-il parcourir le monde et être nommé quatre fois aux Grammy Awards ? «Yes, I can», a répondu Sœur Sourire, le nom de scène de sœur Luc-Gabriel, religieuse dominicaine belge, N° 1 des ventes aux États-Unis en 1963, avec son tube Dominique .
Et souriez, vous êtes filmé !
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La force du sourire Isabelle Crouzet
« Un sourire est plus qu’une manifestation de joie. C’est une sorte de velcro qui nous accroche les uns aux autres et un remède contre bien des maux. En France, nous avons besoin d’en découvrir les bienfaits. »
Dans La Force de sourire, l’auteur a mené une véritable enquête sur le sourire, dont on a tendance à oublier les nombreux bienfaits, pour soi, pour autrui, pour nous tous collectivement. À travers des découvertes en psychologie, neurosciences et sociologie, mais aussi de nombreuses anecdotes personnelles, elle démontre que le sourire est au cœur de nos relations sociales et d…
Quelques qualificatifs pour essayer de répondre aux interrogations de Janine Meurin sur le sourire présidentiel de l'actuel pays du sourire:
Énigmatique?
Satanique?
Diabolique?
Machiavélique ?
Sardonique?
Effectivement pas facile!
Curieux, tous ces qualificatifs en ...ique. j' ai bien peur qu'un jour il nous nique ce fameux président.
Mais on tient notre route, elle s'allonge, elle s'allonge, la liste du Dr. Ekman.
Le pays du sourire s'illustre aujourd'hui par celui du président ... difficile de le qualifier.
Si on en croit Franz Lehar, la Chine serait le pays du sourire.
Oui,mais…
L’opérette raconte une histoire d’amour impossible entre Lisa, une jeune Autrichienne issue de la noblesse, et un prince chinois. Coup de foudre entre les deux protagonistes à Vienne, où l'Asiatique est ambassadeur. Lorsqu'il annonce à sa soupirante son retour dans l'Empire du Milieu pour y devenir Premier Ministre, ni une ni deux, Lisa décide, contre vents et marées, de l'épouser et de le suivre à Pékin. Hélas, trois fois hélas, rien ne tournera jamais rond ! Choc de deux mondes, de deux cultures, de deux civilisations. Lisa devant en plus composer avec la polygamie obligée à son mari par la coutume. Une opérette romantique qui flirte…
Micronouvelle.
Je l'ai vue. Elle m’a souri. Je l’ai suivie.
Je l’ai perdue de vue. Sourit-elle encore ?