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  • Photo du rédacteurLes instants du temps

Connologie




Connologie et …connoscopie…vaste programme comme aurait dit le Général.

Ce qui explique un long temps de lecture.

Je vous propose ces 2 façons d’aborder cet immense chantier, ce qui est, en soi, une véritable connerie.


Connologie

La revue « Sciences Humaines » en donne la définition suivante :

« la connologie est une science scrupuleusement inexacte qui s’interdit la certitude ».

La précision de cette définition témoigne de l’étendue de cette investigation, voire de son inanité.

L’exploration d’un sujet aussi protéiforme s’annonce, donc, délicate. Il est, en effet, difficile, à l’identique d’autres expérimentations, de constituer et suivre sur une longue période des ensembles de cons-cobayes à comparer à des groups témoins.



Et pourtant, des chercheurs spécialisés (psychologues, sociologues, philosophes, historiens, linguistes) ont débroussaillé la connerie, son expansion individuelle et collective, ses origines, ses conséquences et nos représentations en la matière.

De nombreux ouvrages en témoignent. Exemples :

- De l’art de dire des conneries.

- Objectif zéro-sale-con . Son auteur le décrit comme un Petit guide de survie face aux connards, despotes, enflures, harceleurs, trous du cul et autres personnes nuisibles qui sévissent au travail. il donne des clefs aux recruteurs pour identifier les connards avant qu’il soit trop tard, c’est-à-dire dès l’entretien d’embauche, en espérant d’atteindre l’objectif zéro sale con en entreprise.

- Psychologie de la connerie.

- Histoire universelle de la connerie.

- Psychologie de la connerie en politique.







Essayons de dresser quelques contours.


Le con est une qualification basée sur un point de vue subjectif : chacun le sien, et, chacun sera potentiellement le con de quelqu’un. Sauf vous et moi, bien sûr.

Sa géométrie variable rend le con difficile à cerner. Il n’existe aucun con-étalon universellement reconnu. Certains en présentent, néanmoins, la plupart des facettes.


La connerie n’est pas l’inverse de la matière grise, de la raison, ni de la culture. Le con peut sortir de la cuisse de Jupiter et se conduire en pédant ou gougnafier.

Un délicieux exemple nous est donné par Pierre Arditi dans sa “tirade du con” .


La connerie est une notion très relative, qui dépend des époques et des points de vue.

« Vérité en deçà des Pyrénées, connerie au-delà ».


Du point de vue historique, il faut reconnaître que durant les quelque 300 000 ans d’histoire d’Homo sapiens, la sélection naturelle n’a pas éliminé les cons, bien au contraire.

Nos historiens estiment que la connerie a pris son élan dès le Néolithique. Pour preuve, aux « Vénus » sculptées et à l’art pariétal voué aux figures animales se substituent, alors, la production exponentielle d’armes de guerre ou d’apparat et des représentations de groupes armés en conflit. En outre, on commence à exploiter la Nature.


Au siècle des Lumières, ce qui apparaissait comme une vérité est, aujourd’hui, une sombre connerie.

Voltaire

“La race des Nègres est une espèce d’hommes différente de la nôtre...

on peut dire que si leur intelligence n’est pas d’une autre espèce que

notre entendement, elle est très inférieure…”

Montesquieu

“Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves. Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête; et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre”.


De fait, aussi loin que remontent les traces écrites en Occident, les gens apparemment instruits, les élites pensaient que leur époque comprenait le plus grand nombre de cons que l’on n’ait jamais connu.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Vivons-nous l’âge d’or de la connerie ? Plus de cons que jamais ? ce n’est pas impossible !

Car il n’a jamais été aussi facile de fabriquer et diffuser des conneries avec des sondages, des études scientifiques ou des débats de société forgés de toutes pièces et accaparant l’attention médiatique. Et, surtout, il y a l’agressivité désinhibée exprimée dans les réseaux asociaux contre laquelle s’emportait Umberto Eco:


« Les réseaux sociaux donnent la parole à des légions d'idiots qui ne parlaient auparavant que dans les bars après un verre de vin, sans nuire à la communauté. Ils étaient immédiatement réduits au silence alors qu'ils ont désormais le même droit à la parole qu'un lauréat du prix Nobel. C'est l'invasion des imbéciles. »


Notre société a, ainsi, dégradé encore un peu plus la situation en inventant la connerie virtuelle.



Connoscopie


Une autre façon d’aborder cet immense chantier consiste à l’examiner sous différents angles, à en dessiner quelques contours de façon pragmatique, en s’appuyant sur des exemples tirés de la vie courante ou des activités culturelles.


Examinons, d’abord, les mots utilisés pour désigner un con car les termes, toujours porteurs de sens, sont, néanmoins, variables selon les destinataires et les circonstances.

Employer le mot « con » est relativement basique si bien que, assez généralement, nous ne nous en contentons pas et lui apportons une précision utile.


Ainsi, le « Petit con » est défini par les dictionnaires comme une personne stupide. Toutefois, dans l’expression il peut y avoir de la bienveillance, de la légèreté et de l’irrévérence. C’est d’ailleurs pour ces raisons qu’un distributeur de vêtements s’est appelé “ petit con”.


Le « petit con » peut encore être amélioré en « grand petit con » comme le chante Mathieu Chedid :

Quand je vois dans tes yeux d’enfant

Que je deviens con

Tout petit tellement, j’suis un grand

Grand petit con


Afin de ne pas discriminer, le féminin est autorisé comme le démontre cette chanson « Petite conne » de Vanina de Franco.


Le con est également intergénérationnel avec « le jeune con et le vieux con ». La différence est un problème de temps comme le dit Pierre Perret :

« Un jeune con est assurément plus redoutable qu’un vieux : il a tout l’avenir devant lui ! ».

Et, on peut renchérir en précisant que :

« Le pire con, c'est le vieux con car on ne peut rien contre l'expérience ».


Dans le crescendo insultologique, on trouvera ensuite, le méprisant « pauvre con », les haineux « sale con » et « gros con » et, au sommet du hit-parade, le connard et la connasse.

L’exaspération que l’on ressent dans l’utilisation de ces derniers termes se vérifie largement dans nos courtoises relations avec autrui, et, notamment dans les transports.

En voiture :

- Le connard qui colle au pare-choc arrière et fait des appels de phare alors que vous respectez la limitation de vitesse.

- Le connard qui s'est garée sur 2 places de parking alors que vous tournez depuis 15 minutes dans le quartier à la recherche désespérée d’un stationnement.

- Le même monte dans sa voiture, mais, avant de partir, passe un appel téléphonique, programme le GPS…

- Le connard qui, distrait, rate le feu vert, s'en rend compte, démarre au feu orange et vous laisse au rouge.

- Le connard à la station-service qui prend son temps pour aller payer, ranger son porte-monnaie, vérifier ses SMS, laver son pare-brise …

- Le connard qui double par la droite et se rabat avec une queue de poisson.

- Le connard en tracteur qui s'est dit que ce serait cool de prendre cette départementale.

- Le connard qui prend l'aire d'autoroute pour gagner 200 mètres dans les bouchons.

à vélo :

- Le connard qui grille toute la file au feu pour se mettre devant et qui en plus n'avance pas.

- Le connard qui roule sur les trottoirs, ne s'arrête pas à un passage piéton, ni aux feux de circulation.

On l’exècre également en métro ou dans le bus quand il nous prend la dernière place assise que nous lorgnions.

A remarquer que ce n’est pas le moyen de transport qui fait le connard, on le retrouvera sans difficultés dans diverses circonstances :

- Les connards qui s’accumulent devant le buffet, se goinfrent et interdisent tout nouvel arrivant.

- Les connards qui stationnent en haut des escaliers mécaniques ou dès la sortie d’une salle de spectacles et bloquent toute issue.

- Le connard qui, au supermarché, abandonne son caddie au milieu de l’allée.

Je vous laisse le soin de prolonger cette liste à la faveur de votre expérience personnelle.

Par souci de lisibilité, le terme connard a été employé mais il se féminise à souhait. Le vocable « Madame Connasse » est d’ailleurs revendiqué par une influenceuse.




Il n’y a pas motif à repentance quand on se livre, ainsi, à l’expression de notre agacement car de nombreux auteurs n’ont pas hésité à montrer du doigt le connard.

- Eh, connard, tire tes sales paluches de là ou je me fâche ! — (Retour vers le futur, 1985)

- Moyennant quoi rien ne réfrénait sa connardise que le manque d'imagination. Il ne faisait de doute pour personne que le connard n’était pas réformable. — (François Bégaudeau, Vers la douceur, Gallimard, 2009, page 59)

- C’était qu’une bande de petits morveux, des petits batailleurs, bien ragoteurs, bien enragés, bien connards. — (Louis-Ferdinand Céline, Mort à crédit, Denoël, Paris, 1936)


Plus globalement, la plupart des activités intellectuelles a mis le con en scène.


Citations

Il existe plus de 300 citations et proverbes concernant les cons. C’est dire l’immensité du phénomène. Je vous en livre quelques-unes.

- « Les cons gagnent toujours. Ils sont trop » (Cavanna)

- "Les cons sont la seule espèce qui ne soit pas menacée d'extinction." (Alain Leblay)

- « Quand on mettra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner."(Michel Audiard)

- « Un groupe de loups, c'est une horde. Un groupe de vaches, c'est un troupeau. Un groupe d'hommes, c'est souvent une bande de cons." (Philippe Geluck).

- "Comme disait mon grand-père tous les ans il y a de plus en plus de cons, mais cette année j'ai l'impression que les cons de l'année prochaine sont déjà là."(Patrick Timsit).

- « La société de consommation porte mal son nom. car un con ne fait pas de sommation avant de dire une connerie en société » (Marc Escayrol).

- Et, sans doute, la plus célèbre: « Les cons, ça ose tout ! C'est même à ça qu'on les reconnaît. » (Michel Audiard ).

- Ajoutons, encore, l’origine séduisante et coquine de l’expression « con comme un balai ». En résumé, elle met en opposition les sexes de la femme et celui de l’homme, ce dernier étant défini comme un manche se fourrant partout et manquant de tout discernement. L’expression a également dérivé vers « con comme un balai sans manche », c’est dire son inutilité.


Littérature

Un rapide coup d’œil dénombre plus d’une vingtaine de livres, guides et manuels consacrés à cette population. En voici quelques-uns :

Les cons de San Antonio

La bible des cons ( Tonvoisin) – livre jubilatoire et délire assez nul ; du même auteur qui ne s’en lasse pas : Travailler avec des cons.

Survivre dans un monde de cons. Manuel en 43 leçons de Pascal Ordonneau.

Que faire des cons ? - Maxime Rovère, philosophe.


Théâtre

Si tout le monde connaît « le diner de cons » je vous invite à re-découvrir Roland Magdane qui, dans les Rois des Fous propose à tous les cons du monde de se donner la main afin de se promener en paix.

Plus que jamais d’actualité.


Le cinéma n’est pas en reste avec :



Petit con de Gérard Lauzier

Mémoires d’un jeune con De Patrick Aurignac

Connasse princesse des cœurs De Eloïse Lang et Noémie Saglio

Adieu les cons d’Albert Dupontel




je ne saurais terminer cette revue d’effectifs sans parler politique, des relations entretenues avec certains de nos dirigeants ou au sein même de nos élites.

- Au retour de la signature des accorde Munich en septembre 1938, Edouard Daladier fut reçu par une foule en liesse et il s’écria « « Ah les cons ! S'ils savaient ». L’actualité nous donne à réfléchir.

- Un président de département s’est récemment (2020) lâché de la façon suivante: « la plupart des gens sont des cons, au moins 80% ».

- Un président de région, il y a quelques années, déclarait : « Les électeurs ? Des cons ! Quand je fais une campagne, je ne la fais jamais pour les gens intelligents [...], je fais campagne auprès des cons et là je ramasse des voix en masse, dans deux ans pour être de nouveau élu, je ferai campagne sur des conneries populaires, pas sur des trucs intelligents que j’aurai fait.".

Et on s’étonnera du taux d’abstention.


Dans le cercle plus fermé des médias et des différentes instances gouvernementales, on peut encore citer :

- Charlie hebdo et Mahomet soupirant : « c’est dur d’être aimé par des cons »

- La justice découvrant « Le mur des cons »

- Michel Rocard : «Toujours préférer l’hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare. »



Surtout, tout le monde se souvient du « Casse toi, pauvre con ! », cette petite phrase a fait le tour du globe. Amusant, des journalistes du monde entier se sont demandé comment traduire cette insulte et sa connotation. Aucun n’a opté pour une traduction littérale. En effet, étymologiquement, le mot désigne un terrier, une galerie et, par analogie, le sexe de la femme. Il n’était utilisé que de façon descriptive et relativement neutre et n’avait rien de péjoratif. Les anglais ont opté pour « Asshole » ce qui devrait se traduire par « trou du cul ».

On peut conclure cet aspect avec la théorie de Georges Picard dans son essai – De la connerie (Corti).

« Ce que disent les cons ? Ils ne le savent pas eux-mêmes, c’est leur sauvegarde. La parole du con, sans être libérée du sens, ne s’astreint pas à l’exactitude. Crécelle à vocation phatique, destinée à repousser le silence dans les coins. Le con s’accroche aux lieux-communs comme un trapéziste saoul à son filin. Il agrippe la main courante des phrases toutes faites et ne la lâche plus. »

Je précise que toute ressemblance avec certains propos de la campagne présidentielle serait… préoccupante.


Le problème de la connerie est donc qu’elle est là et que le savoir n’est pas forcément une solution à ce problème. Il faut, donc, « faire avec » sachant qu’en plus, comme écrit plus haut, on est toujours le con de quelqu’un.


Je ne pense pas faire de connerie en terminant par :

- G. Brassens « Les cons sont braves ».

- ou la chanson "Requiem pour un con" du film "Le pacha"


Je suis assuré que votre expérience en la matière

donnera lieu à de multiples commentaires.

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2 Comments


marymailto
Mar 21, 2023

Les laboratoires sont face à une difficulté de taille ; pour qu'il soit homologué, un vaccin doit d'abord être testé. Création de deux groupes aussi similaires que possible (âge, sexe, corpulence, et sain 😕) première étape = évaluer leur degré de connerie. Il faut deux groupes également cons ; le premier groupe reçoit le vaccin, l'autre un placébo. Qui va évaluer les différences ? un "moins" con ? désigné par qui ? La connerie est installée durablement et elle prospèrera. Je le crains.

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docdico
Mar 19, 2023

Mais que font PFIZER et SANOFI?


De tous temps la lutte contre la connerie a été intense.


On a pu penser que l’éducation et l’instruction étaient des armes contre la connerie. On ne peut nier qu’elles ont une certaine efficacité, mais elles sont loin d’être parfaites. Les cas réfractaires sont nombreux. Comme on dit, il y a des trous dans la raquette.


On a cru que la loi, et l’application de la loi, étaient la solution pour lutter contre la connerie galopante. Un proverbe dit : la peur du gendarme est le commencement de la sagesse. Oui, ce n’est que le commencement et la connerie continue de se propager !


Il faut bien se rendre à l’évidence, la connerie ressemble…


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