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Photo du rédacteurLes instants du temps

Confinement, saison 3 : « Un jour sans fin »


« Un jour sans fin », Film de 1993. Le personnage principal réalise qu'il est condamné à revivre indéfiniment la même journée.

Avril 2020 : ce n’est plus du cinéma, c’est une réalité.

Au début du confinement, il y avait une situation insolite, mélange de peur et de curiosité, situation nouvelle, l’aventure…

Les heures, jours, semaines se sont ajoutées, à l’identique, aux heures, jours, semaines et, actuellement, je vis le grand flou, l’hébétude spatio-temporelle. Ce n’est pas le blues, mais, cet éternel recommencement est bizarre.

Je ne sais plus si je suis hier, aujourd’hui ou demain.

Sans cesse, sans cesse, je renouvelle la journée d’hier qui ressemble étrangement à la journée de demain. Reposant mais lassant.

Exemple de ma journée-type de confiné « au bout du rouleau ».

- Lever tardif et « trainage » en tenue d’intérieur (mot hypocrite signifiant pyjama). Usage dont je revendiquerai le droit acquis dans un éventuel monde d’après.

- Ecoute des médias. Impression d’avoir entendu la même chose hier ; était-ce hier, il y a 3 jours, l’an passé ? Les communicants du corona sont très sollicités, celui-ci sature l’espace médiatique. Même la pub bancaire a pris le ton d’un message gouvernemental évoquant le virus. J’écoute par habitude, mais, une grande lassitude s’est installée. Aussi, ai-je remplacé les messages qui ne débordent pas d’optimisme, quasi anxiolytiques, par la radio « Rires et chansons », le reggae en continu et même le jeu des mille francs.

- Un œil à la fenêtre. Tiens il y a un « extérieur ».. Je vais voir dans Wikipédia, puis dans Historia à quoi servait un extérieur avant qu’il soit interdit d’accès.

- De façon pavlovienne je regarde les prévisions météo. Réflexe ancien, inscrit dans mes gènes, inutile pour les prochains week end mais de grande valeur pour mon intérieur comme le chante Daniel Gérard : https://binged.it/3byjy8e

- Autre action-réflexe : lecture des mails. Assez nombreux. Il y a ceux que je m’envoie pour rester proche de moi-même (consigner mes idées tant que j’en ai) ; messages de multiples sites culturels qui me proposent l’activité du jour : visite virtuelle de musées en réalité augmentée, oeuvre picturale en 3D, concert solo à partir d’un canapé d’artiste, lecture par un comédien désireux de manifester son empathie auprès de son cher public.

- 11h30 : J’ai encore raté la gym pourtant inscrite dans l’agenda. Voilà un point qui n’a pas changé avec la vie d’avant !

- Moment de créativité l’après-midi. Ce fut, d’abord, la fébrilité jardinière ; attaque des « gros » travaux, maintes fois remis. Cette petite rocaille à revoir, cette platebande … Taille énergique ou délicate, plantations, semis … c’est fait, et maintenant ? on surveille, on regarde pousser …Il faut trouver une autre activité créatrice.

C’est alors que l’idée consistant à photographier et diffuser sur Instagram la mise en scène, la représentation, chez soi, d’un tableau ou sculpture célèbre, m’a enthousiasmé.

C’est ainsi que j’ai tenté le « Radeau de la Méduse » avec l’aide de ma baignoire et de quelques voisins, mais ceux-ci ont décliné l’invitation (au fallacieux prétexte de non-respect de la distanciation).

Après un 2° refus concernant la « Liberté guidant le Peuple » j’ai compris que je devais créer en solitaire.

J’ai donc posté sur ce site la photo de ma représentation du David de Michel-Ange. La photo a été retirée ( ?). Tant mieux car mes retouches n’avaient pas vraiment amélioré mes effets « musculaires ».


Je vais tester l’art brut et particulièrement le nain de jardin.


Dans l’attente d’une meilleure inspiration, je scrute régulièrement Instagram pour découvrir le talent caché des autres internautes ; une bonne surprise serait la bienvenue : Vénus sortant du bain, Renoir et ses baigneuses, le déjeuner sur l’herbe…(faciles à reproduire avec peu d’accessoires).

- La longue journée me conduit au rendez-vous de 20h. Mais, ce n’est plus le JT.

20h, C’est le moment de remercier le personnel soignant. Merci également de nous donner l’occasion de tonitruer à nos fenêtres !

- TV du soir. Pas de Netflix ou Disney machin …, aucune intention de participer à l’hégémonie de ces plate-forme minant la culture européenne ; je somnole, donc, devant un classique, très classique, exhumé de la cinémathèque française, en noir et blanc.

Pour les sportifs en manque d’émotions, il est possible de suivre les chevauchées vélocipédiques de Virenque poursuivi par Amstrong, un temps où le pot belge tenait buvette. Si le confinement dure trop longtemps, on applaudira les exploits de René Vietto ou des frères Pélissier.

- Lecture ; il paraît que c’est bon pour l’assoupissement. Le hasard m’a fait lire un roman policier qui se déroule à Tchernobyl et environs (« De bonnes raisons de mourir » de Morgan Audic). Dans une ébauche de sommeil, je me suis surpris à confondre les situations : radioactivité dans mon jardin, périmètre de sécurité autour de la cuisine, vêtements de protection contre la radioactivité ou le covid-19.

Bonne nouvelle : dans le bouquin, une vie normalisée s’est installée au sein du danger ; Comme on dit « ils vivent avec ».

Nous aussi après le 11 mai.

Me voilà arrivé au lendemain identique, à moins que ce soit aujourd’hui qui se perpétue. Le présent d’une journée devenue continue ?

Il faudrait, pourtant, se réjouir de ces jours répétitifs car, selon les psychanalystes : « Nous revivons encore et encore les mêmes vieux modèles, jusqu’à ce que nous ayons gagné le droit de nous libérer nous-mêmes. » et Nietzsche surenchérit et fait de l’éternel retour la condition pour mener la vie que l’on souhaite.

Sentences encourageantes, n’est-il pas ?

Sans oublier pour autant que :

« Ane qui brait sans fin, pluie le lendemain ».

Ce proverbe n’a pas grand-chose à voir avec les propos précédents, mais il me permet de terminer, sans finir, ni conclure ce post tout en ouvrant de nouveaux horizons.

Début d’un épisode de la série le prisonnier 1967



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6 commentaires


perso
08 mai 2020

Un copain a confié utiliser "I Got You babe" depuis peu comme sonnerie de réveil (c'est sur ce titre que le personnage de Bill Murray se réveille tous les mêmes matins d'un Jour Sans Fin). C'est amusant mais... pourquoi un réveil ?

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berthejean
27 avr. 2020

Enrobés dans ce spleen qui nous gagne, quel est notre idéal?

Visiter cet extérieur qui nous nargue?

Voir ses amis et philosopher de vive voix?

Explorer ces lieux que l'on connait par coeur?

Voir des gens, beaucoup de gens tous espacés d'un mètre?

Acheter son lait par bouteille de dix centilitres, pour pouvoir sortir dix fois?

Sans doute pas cueillir ces fleurs du mal qui pour nous se fanent dangereusement.

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berthejean
26 avr. 2020

Un jour sans fin?

Je pense à nos anciens, à ceux qui sont plus vieux que nous, enfin à ceux pour qui les jours sont si longs et les années si courtes...

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berthejean
26 avr. 2020

Pour ma part, pour passer le temps et remplacer des promenades plus conventionnelles, je marche du séjour à la chambre et de la chambre au séjour en levant bien haut les genoux. Histoire de ne pas trop s'ankyloser. J'avais essayé la pas de l'oie … mais j'ai fait peur au chien.

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janinemeurin
26 avr. 2020

Mon pire ennemi, c’est le temps perdu.

Hier soir, en attendant l’accueil de Morphée, j’ai été prise d’une angoisse. Et si, finalement, je faisais mauvais usage de tout ce temps offert ?

En période "normale", que de choses je regrette de n’avoir pas le temps d’entreprendre occupée à des activités associatives, à des déplacements festifs. Et pourquoi n’ai je pas encore démarré ?

L’impression d’avoir le temps, illimité..

Et tout à coup, je perçois une frontière, une date qui risque de me renvoyer à des tâches plus habituelles ; agréables, certes ; rencontrer les autres, visiter une expo, retourner au théâtre…

Bon, d’accord, ce n’est pas pour demain ! Alors, c’est décidé, je crée ma liste «à faire» pour remplir intelligemment…

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