Indispensable : garder le moral.
Pour cela, les médias, les musées, les sites internet éducatifs ou de loisirs ont fait preuve de créativité et font assaut de mises à disposition gratuite de leurs fonds de tiroirs.
Je dispose, désormais de 1348 livres téléchargés ( surtout des classiques, sans droits d’auteurs , que j’avais dédaignés jusque là) , 562 films en streaming, des centaines de podcasts. J’ai déjà visité virtuellement 15 châteaux et 5 musées en me demandant pourquoi, dans l’avenir, j’irai me colleter avec des milliers de visiteurs sans doute porteurs asymptomatiques des futurs virus.
J’ai apprécié le musée virtuel UMA https://the-uma.org/fr
J’ai également téléchargé des jeux et je me suis, particulièrement, initié à Blind Legend, le jeu pour déficients visuels. Rien sur l’écran, toutes les indications permettant au héros de vivre dangereusement sont uniquement sonores, activées par des traits tactiles dessinés sur l’écran vide du smartphone.
A mon tour, le papy que je suis, actionne les doigts sur la bécane avec une vélocité que ne renieraient pas mes petits-enfants.
C’est mon épouse qui s’inquiète devant mes gesticulations manuelles sur un écran noir ! Elle craint que le coronavirus ne touche pas que les bronches.
Après ces occupations culturelles, j’ai suivi les recommandations m’enjoignant de faire quelques exercices de gym. Car, c’est bien connu, confinement prolongé = obésité assurée.
Premier exercice : une jeune femme s’arc boutait le dos au pied de son lit, les coudes appuyés sur le bord du pieu , et abaissait et soulevait le bassin.
J’ai tenté. La video ne précisait pas que les pieds devaient être stables et , surtout, ne pas reposer sur un tapis mobile.
Que croyez-vous qu’il arrivât ?
A la première poussée le tapis s’est dérobé , chute des reins sur le cadre en bois massif du lit…Accident collatéral du coronavirus.
Je me suis donc contenté de retourner vers ma deuxième tablette. Hé oui, une tablette supplémentaire. En ces temps de pénurie, il en va des outils informatiques comme du PQ, il faut être prévoyant. J’ai, donc, ressorti tous les supports de communication dont je disposais, anciens smartphones et tablettes, IPOD première génération, (je n’ai pas retrouvé mon Minitel…).
J’ai ensuite réparti tous mes livres audios entre ces différents appareils. C’est qu’il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier !.
Théoriquement, je suis paré pour la 2° quinzaine de confinement.
Certains conseillent de revisiter leur appartement avec plan et audioguide . C’est ainsi que j’ai retrouvé la cuisine et des accessoires étranges dont le maniement m’est inconnu ; en revanche, sans besoin de GPS , mes pas m’ont intuitivement conduit vers la cave et le cellier. Mise en évidence d’une mémoire sélective opérationnelle.
Par ailleurs, J’ai la chance d’avoir un jardin. Je m’y promène de temps en temps. Par précaution, je dispose d’une attestation pour sortie dérogatoire contrôlée par mon épouse. Il faut s’entraîner aux nouvelles habitudes.
J’essaie de prendre la situation avec humour ou résignation, mais, si cela dure, il va me falloir occuper autrement ce temps inerte.
Retrouver du sens à cette latence.
A partir de bientôt, je vais structurer la vacuité de mon isolement.
Peut-être !
Assis devant la télévision, j'écoute distraitement un expert expliquer que nous devrions tous avoir un masque, et qu'alors nous arrêterions cette pandémie. Le téléphone sonne. Un appel masqué... C'est bon, je peux répondre. Une voix lointaine avec un accent prononcé me demande si je suis bien moi. Tiens, en fait de masque, ne s'agirait-il pas plutôt d'un Nikab? Je réponds que je suis le petit Nicolas. Et que moi j'ai un masque de Zorro. Et que mon masque de Zorro est bien plus efficace que son nikab pour lutter contre le virus. Et que mon copain Eudes, qui est très fort, va m'aider à tuer tous ces méchants virus. Et que le père de Geoffroy, qui est très riche, lui…
Confinée dans sa mansarde, Anne Frank écrivait son journal. Prisonnier politique, le pianiste Argentin Miguel Ángel Estrella faisait ses gammes sur un clavier muet. Plus communément, les prisonniers s'adonnent à l'art du graffiti. C'est décidé, je vais écrire et dessiner sur les murs de l'appartement… Si on me laisse faire!