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  • Photo du rédacteurLes instants du temps

A vos souhaits





Non, ce n’est pas une réplique à votre éternuement. Il ne s’agit pas, comme le pensaient les Grecs de saluer ainsi un présage ou d’empêcher l’expulsion d’une partie de l’âme, ou encore de se prémunir comme au Moyen Age, d’un signe avant-coureur de la peste. Quoique, par les temps qui courent !


Non, il s’agit des souhaits et des vœux que nous échangeons durant Janvier. Le premier casse-tête de l’année.




C’est que ce processus n’est pas banal et suscite des stratégies multiples.


Se pose en premier lieu, la redoutable question du timing et de l’opportunité. Le monde se divise, une fois de plus, en communautés : les prévisionnistes et les attentistes.


Les premiers préparent leurs envois en décembre et balancent leur flot de vœux le 1° jour, prenant, ainsi, de court tout leur entourage. Ils sont, en cela, assistés par la technologie. Rien de plus simple que de préparer un groupe« bénéficiaire » qui recevra 2 lignes sur son écran de téléphone avec l’inévitable « gif » dès minuit sonné.

Cette précipitation traduit-elle l’impatience de transmettre l’espoir, ou le dessein de se débarrasser au plus vite du rite social annuel?

Les seconds jouent la montre jusqu’à la fin janvier et pointent, avec une rancune désormais tenace, qui les a oubliés.


On peut, encore, subdiviser les attentistes en plusieurs catégories.

Il y a celui, tacticien, ou un tantinet flemmard, qui espère recevoir des vœux émanant d’une liste de distribution qu’il se contentera de recopier.

Nettement plus respectable, il y a les personnes qui, au bénéfice de l’âge, peuvent, légitimement, utiliser leur «droit de réponse», perpétuant, ainsi, la tradition selon laquelle ce sont les plus jeunes qui doivent dégainer les premiers «leurs meilleurs vœux».

Il y a quelques temps, (au 20ème siècle !) la tradition était encore plus exigeante. Dans le milieu familial, en échange d’étrennes, quelque monnaie ou sucreries, le plus jeune devait faire le premier pas et rencontrer ses aînés, et, ainsi de suite en remontant la généalogie jusqu’à extinction. Il convenait de ne pas se tromper, vérifier les années de naissance des uns et des autres dans une famille souvent nombreuse.

Cet exercice s’est, désormais, assoupli. La coutume prescrivant de rendre visite à l’ensemble de son entourage dans les quinze jours qui suivaient le 1er janvier n’existe quasiment plus et se trouve remplacée par des souhaits formulés par envoi postal et, surtout par le numérique.



Ces nouveaux processus de formulation à distance: carte postale papier ou virtuelle, mails, SMS, envois personnalisés ou groupés, ont-ils facilité notre expression d’espoir en faveur de la nouvelle année ?

Pas si sûr !

La multiplicité de ces moyens et l’hétérogénéité des récepteurs (famille plus ou moins proche, amis, collègues, liens sociaux…) nécessitent la tenue d’une véritable comptabilité. Dans la colonne de gauche, les envois, dans celle de droite les reçus et les mercis. Pas si simple car les flux se croisent, l’envoi doit se transformer en merci si on est pris de vitesse, ou un remerciement par mail peut doublonner avec un précédent et bref merci par un SMS « groupé ».

Il y a toujours des erreurs, des doublons, des oublis et les premiers aigris de l’année.

Heureusement, l’intelligence artificielle est parmi nous et remplace, petit à petit, nos neurones obsolètes. Dans un temps proche et dans le Métavers, notre avatar, dès la 1° seconde du 1° janvier, saura gérer les flux entrant et sortant d’emogi de souhaits ou de remerciements.



A côté des prévisionnistes et des attentistes, une catégorie particulière concerne le monde professionnel dans lequel la complexité est extrême et les processus stratégiques indispensables.

Envoyer ses vœux au patron (le petit, celui de proximité et/ou le grand, invisible et inabordable) ou ne pas envoyer ? that is the question…

Les envoyer et être considéré comme un vil flagorneur, ne pas les envoyer et être considéré comme suspect … car Machin, lui, les a envoyés!

Stratagème possible : dans le monde d’avant, il subsistait la cérémonie officielle des vœux au cours de laquelle on pouvait espérer avoir la chance d’être aperçu au-delà du barrage des courtisans empressés. Cette piste doit être, aujourd’hui, abandonnée et remplacée utilement, par une déambulation fréquente du couloir patronal en espérant une rencontre opportune. Evidemment, le télétravail réduit cette possibilité.


Une dernière, mais pas la moindre, difficulté se présente : le texte. Il est possible de faire preuve de simplicité élégante ou d’avoir des envolées lyriques. Dans ce registre le numérique est, également, venu au secours de notre fragile créativité :


- carte virtuelle

- Envois groupés par mail et SMS ; cochez la case et un texte court, mais original, est adressé par la machine à tous les contacts enregistrés… dans la machine…

Exemple : « je suis le téléphone portable de Machin. Je suis chargé par mon propriétaire de te souhaiter que les douze prochains mois à venir soient faits de bonheur, de bonne santé, de poésie et d'amour… Fin du message ». Original et poétique, n’est-il pas !!


- Propositions Internet de textes prêts à l’emploi, poèmes, déclarations qui se veulent insolites mais qui sont généralement ridicules, vœux hors du commun, scientifiques, mathématiques, épicuriens … et, surtout, humoristiques.


J’en livre 2 à votre sagacité et…usage éventuel.


Une première proposition, toute en élégance :

Je te souhaite une année sereine. Une année sans stress ou pression.

En te laissant méditer ce proverbe chinois

« Qui ne pète ni ne rote est voué à l’explosion ! »

Alors cette nouvelle Année Ne te mets pas la pression Et ne manque pas d’air !


Une autre particulièrement fonctionnelle et réaliste :

Si vous pouvez lire cette carte

c’est que votre adresse postale ou mail est exacte

ouf !

alors,

Bonne année 2022



Cette assistance technologique déshumanisée ne peut que susciter une certaine nostalgie à l’égard des souhaits personnalisés, écrits par une plume d’oie crissant sur un parchemin … ou de la carte de vœux « vintage » avec neige, chalets, ou bambins me présentant des cadeaux et des fleurs, et une écriture appliquée nous souhaitant mille bonheurs.




Cette année, il m’a semblé que le cérémonial des vœux et souhaits était morose. Un moindre intérêt s’attacherait-il à ce qui apparaît comme un simple processus institutionnel ou un rite social dont l’importance apparaît moins prégnante.

C’est que ces vœux sont, généralement, des vœux pieux.

Durant combien d’années, avons-nous souhaité la bonne année, bonne santé, réussite professionnelle, amoureuse…etc, sans résultat tangible. Cette inanité de nos efforts s’est largement confirmée lors des 2 dernières années.

Notre inefficacité répétée nous conduit, désormais, à beaucoup d’humilité dans l’expression de nos vœux. Du bout des lèvres, en l’espérant, sans trop y croire vraiment, nous nous contentons désormais, de «l’espoir d’une bonne santé». (associé à un prudent « prenez soin de vous »)


Enfin, cette apparente désaffection peut être liée aux risques de la bien-pensance car l’imprudence de certaines formulations peut entraîner quelques désillusions, voire des poursuites judiciaires.

Aussi, certains, s’abritent derrière le texte suivant en conformité avec le principe de précaution inscrit dans la Constitution.


Texte déniché sur le Net ( auteur non identifié):


« Je vous prie d'accepter, sans aucune obligation implicite ou explicite de votre part, mes vœux à l'occasion du solstice d'hiver et du premier de l'An, en adéquation avec la tradition, la religion ou les valeurs existentielles de votre choix, dans le respect de la tradition, de la religion ou des valeurs existentielles des autres, ou dans le respect de leur refus, en la circonstance, de traditions, religions ou valeurs existentielles, ou de leur droit de manifester leur indifférence aux fêtes populaires programmées.

Ces vœux concernent plus particulièrement :

- la santé, cela ne supposant de ma part aucune connaissance particulière de votre dossier médical, ni une quelconque volonté de m'immiscer dans le dialogue confidentiel établi avec votre médecin traitant ou l'assureur avec lequel vous auriez passé une convention obsèques

- la prospérité, étant entendu que j'ignore tout de la somme figurant sur votre déclaration de revenus, de votre taux d'imposition et du montant des taxes et cotisations auxquelles vous êtes assujetti ;

- le bonheur, sachant que l'appréciation de cette valeur est laissée à votre libre arbitre et qu'il n'est pas dans mon intention de vous recommander tel ou tel type de bonheur.

Nota Bene:

Le concept d'année nouvelle est ici basé, pour des raisons de commodité, sur le calendrier dit « grégorien » qui est celui le plus couramment utilisé dans la vie quotidienne de la région à partir de laquelle ces vœux vous sont adressés. Son emploi n'implique aucun désir de prosélytisme. La légitimité des autres chronologies utilisées par d'autres cultures n'est absolument pas mise en cause.

Enfin, l'emploi de la langue française ne sous-entend aucun jugement de valeur. Son choix tient au fait qu'elle est la seule couramment pratiquée par l'expéditeur. Tout autre idiome a droit au respect tout comme ses locuteurs.

Clause de non-responsabilité légale :

- En acceptant ces vœux, vous renoncez à toute contestation postérieure. Ces vœux ne sont pas susceptibles de rectification ou de retrait. Ils sont librement transférables à quiconque, sans indemnités ni royalties. Leur reproduction est autorisée.

Ils n'ont fait l'objet d'aucun dépôt légal. Ils sont valables pour une durée d'une année, à la condition d'être employés selon les règles habituelles et à l'usage personnel du destinataire.

A l'issue de cette période, leur renouvellement n'a aucun caractère obligatoire et reste soumis à la libre décision de l'expéditeur.

Ils sont adressés sans limitation préalable liée aux notions d'âge, de genre, d'aptitude physique ou mentale, de race, d'ethnie, d'origine, de communauté revendiquée, de pratiques sexuelles, de régime alimentaire, de convictions politiques, religieuses ou philosophiques, d'appartenance syndicale, susceptibles de caractériser les destinataires.

Leurs résultats ne sont, en aucun cas, garantis et l'absence totale comme partielle de réalisation n'ouvre pas droit à compensation.

En cas de difficultés liées à l'interprétation des présentes, la juridiction compétente est le Tribunal habituel du domicile de l'expéditeur. »





Et bien, non. Je ne céderai pas à cette lassitude cafardeuse ou ces précautions qui s’apparentent au wokisme.

Si Tolstoï précise que « Tous les hommes font la même erreur de s’imaginer que bonheur veut dire que tous les vœux se réalisent », je multiplierai les souhaits de belle année, santé, prospérité, amour…tout ce que vous voulez…et encore plus …ainsi , en restera-t-il un maximum d’instants de bonheur.

Je ne me contenterai pas, non plus, de vœux modestes, prudents, étriqués, limités. Pourquoi seulement 2022 ? Mes vœux s’étendent à 2023, la décennie, le siècle, pour tout le monde, tout le temps.






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1件のコメント


berthejean
2023年3月20日

Histoire vraie.


J’avais treize ou quatorze ans. Enfin je crois. J’étais le petit dernier de la famille. Chaque année je devais envoyer mes vœux de nouvelle année à toute une famille que je jugeais bien trop nombreuse.


Il n’y avait bien sûr pas encore le courriel qui aurait permis l’envoi en nombre, comme le montre très justement l’auteur de l’article ci-dessus.


Il n’y avait même pas encore le téléphone à la maison qui aurait permis de simplifier agréablement la mission.


Non, il n’y avait que le papier et le stylo plume. Je n’avais pas droit au stylo bille ! La noblesse de l’écriture imposait le stylo plume. Vous connaissez ? C’est celui avec lequel on s’en fout plein les doigts,…


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