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  • Photo du rédacteurLes instants du temps

A poil(s) !!!




A poil (s) !


Cette invitation suscite l’espoir d’un récit gaillard et égrillard auquel vous pourriez être sensibles.

En effet, avec cette accroche, des émotions coquines sont censées assaillir votre esprit ( !) et titiller votre libido.


Par exemple, j’aurais pu vous inviter à bécher, ratisser, arroser, à poil, lors de cette journée mondiale du jardinage nu.

J’aurais pu évoquer ces différentes manifestations au cours desquelles la nudité devient un appel à la liberté ou un acte de rébellion comme ces infirmiers et infirmières qui ont décidé de poser "à poil" pour faire part du manque de moyens dans l’hôpital public.





J’aurais pu dévoiler le Festival des nouvelles formes de cirque en Normandie qui propose une journée Cirque à poil ! avec Embrase-moi, duo intime et dénudé, une performance tragi-comique autour du rapport à son propre corps !

J’aurais pu vous parler de la fesse décomplexée qui ne reste plus à l’arrière plan comme l’a démontré Madonna à la cérémonie des MTV Video Music Awards ou encore du boom du "beach bump" qui vous attend sur les plages, cet été.

J’aurais pu vous révéler le vidéoclip de la chanson Lesbian Break-up Song, dans lequel Safia Nolin se dévoile complètement en y jouant nue, tout comme le font les autres figurantes. Elle déclare « Eh oui, je suis toute nue dans mon clip. On voit mes seins, mes fesses, mon pubis, mon poil.. On voit des corps humains. Ce ne sont pas des corps qui sont là pour être jugés, ou pour être désirables. Ce sont des corps qui sont là pour exister, c’est tout ».

J’aurais pu vous convier, à paris, en ce début juillet, au festival du film de fesse qui redonne ses lettres de noblesse au cinéma érotique.

J’aurais pu, j’aurais dû, vous montrer cette partition peinte sur la face arrière d’un homme dans la partie des Enfers du célèbre triptyque de Hieronimus Bosch « le Jardin des délices » tableau peint entre 1480 et 1490. D’autant que cette partition a intrigué et que quelqu'un s'est amusé à la retranscrire et à la jouer.



Le résultat est sidérant, magnifique, digne d'un leitmotiv de Morricone, ou d'un morceau planant des Swans...



Enfin, dans un autre registre, plus géographique et territorial, j’aurais pu vous entraîner dans une franche poilade avec les Pictiens et les Pictiennes les honorables habitants de Poil, Nièvre, mis à mal par l’intrusion d’une bombe à raser.


J’aurais pu, j’aurais dû, mais non, je n’en ferai rien ! Mon propos restera sage, sérieux, quasiment académique.

Je vous sens désappointé et vous pourriez devenir de mauvais poil. Face à votre compréhensible et probable courroux, je dois reconnaître que je n’ai déjà plus un poil de sec !

J’insiste néanmoins, je reprends du poil de la bête, et comme je n’ai pas de poils dans la main, Je vous propose d’examiner le poil sous un angle historique, scientifique, littéraire….

Ce faisant, Je ne pense pas vous prendre à rebrousse-poil, car, Compte tenu de la mode actuelle des « poils au menton », y compris version broussaille XXL, on peut estimer que cet article tombe pile poil.




L’histoire et le poil sont un éternel recommencement comme l’illustre cette intervention d’Antoine De caunes. On en déduira que peu d’époques nous montrent l’homme imberbe et rien ne ressemble plus à l’homme des cavernes que certains homo sapiens du 21° siècle.


Plus sérieux, dans « l’histoire du poil », Marie France Auzepy retrace l'infinie diversité des adaptations et des déclinaisons du poil à travers les époques, les civilisations et les continents. Partout le poil a été un marqueur de comportement, un signe politique, un indice social, éthique et religieux, qu'il s'agisse du monde hébraïque, chrétien, islamique ou extrême oriental.


Prenons, par exemple, les poils les plus emblématiques : les cheveux. Dans la mythologie et l’histoire plus récente, ceux-ci jouent un rôle essentiel et sont, généralement, des symboles de force et de séduction

- L’histoire biblique de Samson et Dalila est célèbre.

- La mythologie grecque fait état, avec ferveur, des chevelures luxuriantes de nombreuses déesses. Aphrodite enveloppait sa nudité dans sa longue chevelure blonde. Le don d’une mèche de cheveux était la plus précieuse des offrandes. La reine Bérénice promet, par exemple, sa chevelure à la déesse Aphrodite pour garantir la vie et le retour de son époux Ptolémée.

- En Égypte, les prêtres d'Isis se rasaient pour manifester leur détachement.

- Les Musulmans conservaient au sommet de leur crâne une mèche de cheveux dont se servait Mahomet pour les transporter au paradis.

- Dans la mythologie bouddhiste, la déesse de la terre, Phra Mae Thorani utilise l’eau de l’essorage de sa longue chevelure pour noyer le démon Mara et permettre ainsi à Bouddha de poursuivre son chemin vers l’éveil. Les cheveux de Shiva s'identifient avec les directions de l'espace, et constituent la trame de l'univers.

- Chez les Gaulois et les Francs, la chevelure, synonyme de noblesse et de puissance, représentait la marque de distinction de la royauté. En la perdant, le roi de France perdait aussi immédiatement sa royauté.


Mais que faire en cas de calvitie ?

- La reine Néfertiti était affligée d'une alopécie qu'elle enduisait d'une mixture faite de graisse de lion, graisse d'hippopotame, graisse de crocodile, graisse de chat, graisse de serpent et graisse de bouc égyptien. Comme le dirait l’Oréal : « elle le valait bien » !

- Socrate se consolait devant son important dégarnissement capillaire en estimant que « l'herbe ne pouvait pousser dans les rues actives ».

- Vers 400 avant Jésus-Christ, dans ses aphorismes, Hippocrate établissait une étonnante relation entre les alopécies et l'apparition de troubles hémorroï­daires : « Chez les chauves, il ne survient pas de varices volumineuses, mais s'il survient des varices chez les chauves, leurs cheveux repoussent».

- La calvitie fut également traitée selon diverses recettes naturelles dont s’inspire encore Yves Rocher: Broyer une demi-poignée d'écorces de pins, de feuilles de myrte et de cheveux de jeune fille, filtrer le liquide obtenu. ou encore : faire macérer dans de l'huile de la graisse de nigelle, des baies de genévrier, de verveine, d'armoise amère et du laudanum. une dernière pour assurer le résultat : mélange d'huile de lin, de cendres de racines de fougères, de la poudre de lentisque, un broyat d'amandes et du son de blé.

Il faut admettre qu’avec toutes ces solutions prometteuses, il y a de quoi « se faire des cheveux, et, notamment des cheveux blancs ».


A propos de cheveux blancs, il s’agit d’une autre préoccupation ancienne Des « traitements » ont été retrouvés sur plusieurs papyrus: viscères de poissons, organes génitaux de chien, chiures de mouches, saleté d'ongles d'hommes, souris cuites mises dans de la graisse, etc... Dans ce défilé historique, de tous poils, je souhaite mettre en exergue le « poilu », le vrai, celui de la « grande guerre ».

Le terme « poilu » désigne « le soldat combattant » qui défend notre sol, par opposition à « l'embusqué ». L’origine du terme est, toutefois, incertaine.

Une version populaire de la signification prétend que le surnom fut donné pendant la Grande Guerre, du fait des conditions de vie des soldats dans les tranchées. Ils laissaient pousser barbe et moustache et, de retour à l’arrière paraissaient tous « poilus ». Cette version ne peut trouver de fondements que dans les débuts de la guerre, car dès lors que les gaz de combat eurent fait leur apparition, les masques à gaz bannirent la barbe des visages des soldats ainsi que du règlement militaire. Les photos de « poilus » sont généralement des mises en scène des acteurs ou au mieux des permissionnaires, non tenus aux exigences des premières lignes.



Pour terminer cette séquence guerrière par une note plus souriante, je vous propose de plonger avec Lino Ventura dans le monde de l’espionnage avec une réplique célèbre « 1 barbu, 2 barbus, 3 barbouzes ! ».


Au fil des siècles le poil fut, donc, un marqueur de comportement, un signe politique, un indice social, éthique et religieux.

Mais qu’en est-il du point de vue de la santé ?

En moyenne, selon les multiples comptages opérés pendant le confinement, un être humain possède :

- 100 000 à 150 000 cheveux.

- 6000 à 25 000 poils de barbe.

- 700 poils sur les sourcils.

- 160 poils par œil.

- 7000 poils pubiens.


Convient-il de laisser pousser abondamment ou raser frénétiquement ?


Le poil évite la sécheresse de la peau, protège de la sueur, des irritations, du soleil et de la pluie, garantissent sa protection de la lumière et de la poussière ; il retient les odeurs en particulier sur les aisselles et le pubis. Ces phéromones peuvent envoyer un signal érotique fort qui ressemble à une odeur de l’attirance sexuelle.

Vous êtes avertis, la décision vous appartient.


En ce qui concerne les poils du nez et des oreilles, ils filtrent les sons, les odeurs et la poussière. A ce propos on peut remarquer les transferts de poils au fil des ans. Ceux du haut de la tête sont enlevés progressivement pour être replantés dans les oreilles et le nez !

Et, quand leur densité devient préoccupante, il nous faut, donc, les couper comme le préconise Jacques Courtois dans ce clip « Pour bien respirer il faut se couper les poils du nez » . Technique largement répandue, désormais, comme le raconte cette charmante chansonnette:

Mon père m'a donné les poils de son nez pour faire un chapeau à la mode Les poils sont tombés la mode est passée mon père n’a plus d'poil à son nez

Cette gentille comptine fait partie d’un ensemble que vous pouvez découvrir en suivant le lien , mais, je préviens les âmes sensibles que les propos sont plutôt graveleux, voire salaces !!

Autre avertissement : Il est déconseillé de retirer les poils avec une pince à épiler tant la méthode s’apparente à un supplice de type interrogatoire musclé.


Changeons de thématique pour faire le point sur une littérature de tous poils.


Pédagogique :

- « Les Sens du poil » - Une anthropologie de la pilosité.

Insolite : l’auteur, christian Bromberger, se penche, entre autres, sur la chevelure des footballeurs qui, comme chacun sait, passent plus de temps chez le coiffeur qu’à l’entraînement.


Esthétique :

- « Au poil ». Bienvenue à l'Institut ! Charlotte Fendt offre une galerie de quelque 80 portraits hauts en couleur. Au-delà de l'anecdote, certains pourront y voir un miroir déformé de notre société, d'autres un témoignage de notre époque.



Révolutionnaire :

- « Défense du poil - Contre la dictature de l'épilation intime »

Les sexes féminins foisonnants des années 70, c'est fini ! Après avoir plébiscité le maillot brésilien puis le ticket de métro ", depuis 2010, les femmes succombent en masse à l'épilation intégrale. Le phénomène mérite d'être sorti du cadre de l'intime pour être observé à l'échelle sociétale. Stéphane Rose a mené l'enquête pour comprendre les raisons de ce tsunami dépilatoire.


Enfin, de nombreux romans ont brandi un poil dans leur titre :

- « Une ascension au poil » par Aldebert

- « Le grand précis des cuissons au poil »

- « Une famille au poil » Bande Dessinée

- « A poil en civil » de Jerry Stahl, roman noir, aussi féroce que réjouissant.

- « Une journée au poil de Ya-Ling Huang

- et, bien sûr, « Poil de carotte » de Jules renard, à ne point confondre avec « Poils de cairote » de Paul Fournel.


Cette revue du poil ne saurait se terminer sans quelques « poils à gratter ». Si les démangeaisons de la peau occasionnées par certaines substances poudreuses relèvent de l’humour potache, celles issues de l’actualité récente sont bien plus irritantes. Je vous en livre deux et ne doute pas que votre liste de « poils à gratter » se retrouvera dans les commentaires


· Le colibri trie ses poubelles, prends garde à l’eau, à l’électricité, au plastique, végétalise …etc…et… constate avec consternation que l’on a skié aux JO sans neige, qu’on jouera au foot dans des stades climatisés, qu’on ferme les yeux devant la disparition de la forêt amazonienne, que l’on ouvre des centrales à charbon…etc…

· Question pour l’option maths : combien faut-il de CRS, gardes mobiles, policiers pour « fêter » le football en match national ou international. Même question avec un critère supplémentaire : la grève des transports. En option : la population policière sera-t-elle suffisant pour la sécurisation des JO 2024 lors de la cérémonie d’ouverture le long de la Seine.



Terminons dans la bonne humeur ces propos qui n’ont pour but que de vous caresser dans le sens du poil. Je vous souhaite un bel été à loilpé – poil au nez - et, avec pierre Perret, reprenons à l’unisson - poil au menton – ces chansons qui tombent pile poil.




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2 Comments


janinemeurin
Apr 18, 2023

Il aura fallu un an aux organisateurs pour monter cette exposition = "Des cheveux et des poils du 5 avril au 17 septembre 2023"... https://madparis.fr/cheveuxetpoils

Un an après la parution de ce billet ! quelle audience !🤗 ... je rêve ? avouez qu'il y a une coïncidence qui interroge.

Rien dans ce monde n'arrive par hasard. Paulo Coelho

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berthejean
Mar 19, 2023

Merci à l’auteur pour cet article distrayant et si bien documenté ! Comme d’habitude !


Les poils ont leurs parasites. Les poux et les morpions se partagent le territoire de poils humains. Les poux s’intéressent essentiellement aux cheveux. Les morpions semblent avoir besoin d’un peu plus de chaleur… Ils sont cousins mais veulent garder leurs territoires respectifs.


La science et la médecine ont bien sûr œuvré pour aider hommes et femmes à se débarrasser des poux comme des morpions. Avec plus ou moins de succès. Hygiène et prophylaxie restent les meilleurs moyens pour éviter toute contamination. On comprendra aisément quelles mesures prophylactiques appliquer pour éviter toute contamination morpionique. Pardonnez-moi ce néologisme.


Le chant, la musique et les belles lettres ont…


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